Test – Morbid : The Lords of Ire

Test – Morbid : The Lords of Ire

26 mai 2024 Non Par Wii Wii
Temps de lecture : 6 minutes

Souls-like… À la vue de ce nom, certains joueurs esquisseront un sourire mélangeant fierté et complicité diabolique, tandis que d’autres auront tendance à prendre leurs jambes à leur cou et fuiront vite et loin. Pourquoi ? Il faut avoir essayé au moins une fois un Souls-like pour comprendre ces 2 réflexes opposés. Cela fait 15 ans que ce n’est plus un secret : la difficulté de ces jeux est l’un des points fondamentaux du genre. Le studio Still Running tente d’apporter sa vision avec Morbid : The Lords of Ire. Alors, prêt à Sourire ? Fuir ? Mourir ?

Test réalisé à partir de la version Switch dématérialisée du jeu Morbid : The lords of Ire fournie par l’éditeur. Merci.


Site web : www.mergegames.com.

Nom de la société : Still Running

Date de parution : 24/05/2024

Type du jeu : Action-RPG/Souls-like

Plateforme : Switch


Un scénario classique

« Morbid: The Seven Acolytes », premier opus de la licence, est sorti en 2020. Dans ce dernier, le joueur devait pousser la seule survivante des Indéfectibles de Dibrom à terrasser les Gahars, des êtres maléfiques. « Morbid: The Lords of Ire » nous donne l’occasion d’opposer une nouvelle résistance contre ces Gahars et les bannir définitivement dans les abysses. L’héroïne devra affronter cinq terribles Seigneurs maudits.

Souls-like oblige, le joueur découvrira le lore à travers les découvertes qu’il fera dans le jeu. Ainsi, chaque objet ramassé ou ennemi affronté apportera de sombres éclaircissements à la situation. Les temps de chargement et les discussions avec les PNJ du « Hall de la rédemption » (HUB) sont d’autres occasions d’en savoir plus sur l’histoire. Il ne tient qu’à vous d’y prendre part. Sans cette envie personnelle, vous serez totalement perdu et manquerez les détails les plus terrifiants. Les cinématiques scénaristiques ne font pas partie du plan…

Les 2 qualités pour survivre

Si il y a bien une chose dont on est sûr en jouant à ce genre de jeux c’est que notre vie ne tient qu’à un fil. Cela se ressent dès les premiers instants. « Pro » ou non du pad, la mort se fera un malin plaisir de venir nous saluer assez rapidement. Ce n’est qu’après cette première déconvenue que l’on comprendra à quel point nos actions ne devront pas être accomplies au hasard. S’impose alors l’analyse intérieure suivante : comment dois-je gérer mon perso pour m’en sortir ?

La réponse en 2 mots très proches sur le papier mais totalement opposés dans les faits : réflexion et réflexe.

Réflexion faite : je peux le faire !

La première aptitude doit être concrète : comprendre tout ce que le jeu propose. Il ne faut pas oublier que l’on joue à un Action RPG et que les statistiques sont importantes, très importantes. Des tonnes d’armes sont à récupérer, chacune avec un style propre : lourde/puissante, légère/faible, ou équilibrée. Elles peuvent également se manipuler avec une seule main, les deux, avoir une longue portée… Bref ! Il faut être à l’aise et choisir son style.

Après avoir soigneusement sélectionné notre outil de torture préféré, il sera important de comprendre comment fonctionnent les runes d’évolution (dégâts, vitesse, agilité et impact) que l’on trouve dans les stages dispersées ça et là. Sans ça, l’arme donnera l’impression d’être en mousse, le héros se fatiguera trop et les démons se fendront la poire avant de s’attaquer à la vôtre.

Un autre point important du gameplay : les bénédictions. Sur les 8 à trouver pendant l’aventure, seules 3 pourront être utilisées. Elles octroieront de nouvelles capacités : énergie supplémentaire, coups plus puissants, agilité augmentée etc. Il est tout à fait possible de les changer en cours de jeu, il ne faut donc pas hésiter à tester différentes combinaisons.

Le réflexe se travaille

Le second point à maîtriser : le timing.

« Morbid : The Lords of Ire » ne caresse pas le joueur dans le sens du poil. Non, les monstruosités que l’on croise cherchent plutôt à nous trancher la gorge, nous arracher la tête, nous dépecer, nous écraser… Elles ne pensent qu’à détruire. Ce que j’essaie de dire c’est que les coups font très mal et qu’il est important d’apprendre à gérer l’esquive et le contre.

A ce niveau là c’est parfait, la roulade permet de se sortir des grosses galères ou d’esquiver les coups impossibles à gérer. Quant au contre, plus difficile à maîtriser mais oh combien salvateur, il offre un avantage considérable sur ces charognards : il les déstabilise mais amplifie également notre puissance un court instant. Il est vital d’y parvenir. Les premiers réflexes seront forcement mauvais mais ils se travaillent ; le joueur doit atteindre la quasi perfection pour avoir le droit de vivre quelques minutes de plus. Néanmoins une fois atteinte, une sensation de puissance émanera de l’héroïne. Les monstres devront désormais être plusieurs pour représenter une réelle menace, car seuls…

Se perdre pour gagner

La conception des mondes à parcourir est bonne. 5 lieux dévastés par la maladie et la déchéance attendent le joueur. On explorera tour à tour Fortfrimas, Portpurin, la Vallée des cendres, Irelia et Thorax.

Les développeurs ont eu la bonne idée de faire une sorte de premier monde/tuto plutôt efficace. Une fois le gameplay en main, les choses sérieuses pourront commencer. L’aventure dévoilera alors lentement le travail effectué sur le design des stages. Les labyrinthes ne sont pas forcément très compliqués à traverser, mais avec les combats et le stress, la désorientation peut très bien jouer quelques tours. Ce n’est pas un mal en soit car se perdre dans cet enfer est synonyme de trouvailles. Et comme dans tout bon jeu d’aventure, les passages secrets ou autres chemins de traverse récompenseront le joueur avec des items importants comme des « vers bien gras » (énergie) ou encore les fameuses « runes ».

On est sur Switch ? Ou sur PS2 ?!

On touche au point noir de cette version Switch. C’est toujours très frustrant pour le joueur d’avoir un jeu génial plombé par une réalisation d’un autre temps. C’est le cas ici. Il n’est pas rare d’avoir des bugs graphiques, des saccades très très violentes, des freezes, des plantages, le perso qui se bloque dans le décors… Il y a tellement de problèmes ! De temps en temps, certains textes n’apparaissent pas complètement à l’écran, il est alors impossible de les lire en entier. D’autres fois la police est trop petite. Que dire des textures ? Souvent on constatera un rendu lisse, unicolore, sans détail. Heureusement, il y a un certain équilibre et le jeu reste très jouable. Mais on sent que ca n’a clairement pas été une version prioritaire. C’est dommage… La Switch aurait mérité mieux que ça… Les joueurs aussi.

Un son d’enfer…

Le silence… Le bruit des pas dans la neige, la boue, la terre… Des hurlements inhumains, de sombres grognements, la mastication de la chair encore purulente, le tranchant des lames entrant dans les cadavres… Voilà le genre de bruitages que vous allez entendre, très souvent, et sans musique.  Puis, de temps à autres, quelques mélodies viennent interrompre ce « vide » quelque peu oppressant. Elles interviennent rarement, mais lors des affrontements spéciaux par exemple, elles excitent notre envie de trancher de la carcasse. Vous l’aurez compris, la musique accompagne très bien l’action. Mais aussi les lieux ; il n’y a qu’à entendre la partition du « Hall de la rédemption » pour s’en convaincre. Dommage d’avoir aussi peu de pistes à apprécier.

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Mon ressenti sur « Morbid : The Lords of Ire »

Mise à part Demon’s Souls sur PS3 que j’ai adoré, je dois bien avouer n’avoir quasiment aucune expérience avec les Souls-Like. L’occasion pour moi d’en apprendre d’avantage sur ce genre de plus en plus populaire m’a clairement tenté. Passer après un maître est toujours un exercice délicat. Et pourtant, malgré le fantôme « Souls », j’ai aimé.

Comme écrit précédemment, techniquement ce n’est clairement pas au niveau et beaucoup de soucis font énormément de mal au jeu. Sauf que le cœur est là, le gameplay simple fonctionne bien. L’ambiance glauque fait son effet si l’on prend la peine d’aller chercher les éléments en explorant chaque recoin, lisant toutes les histoires repoussantes, interrogeant les PNJ etc. « Morbid : The Lords of Ire » est généreux et ne manque pas d’intérêt. Les 28H nécessaires à la complétion du jeu à 100% (sans compter le NG+) ont été un plaisir. Cependant, je conseille aux joueurs d’aller jeter un œil sur les autres versions, qui offrent surement une bien meilleure expérience que sur Switch.

Pros

  • Le level design efficace
  • L’ambiance sonore vivante
  • La découverte du lore
  • Le gameplay basé sur le contre

Cons

  • La réalisation de cette version Switch pas au niveau (graphisme/animation/bugs en tout genre)
  • Les temps de chargement. Après chaque mort, c’est long
  • Des boss pas assez charismatiques et puissants
  • Une fin un peu trop précipitée