Test – Indika

Test – Indika

5 juin 2024 Non Par OursGamer
Temps de lecture : 5 minutes

De nos jours il y a les jeux qui se contentent de faire des choses convenues qui plairont à un maximum de joueur et il y a les autres. Ceux qui tentent d’innover, de repousser les limites de la créactivité. Indika le jeu du studio Odd Meter, édité par 11bits studio fait partie de ceux-là. J’adore le monde du jeu indépendant pour ça. Les créateurs sont souvent force de proposition et n’ont pas peur de prendre des risques. Parfois ça paye, parfois non. En tout cas c’est une chance pour moi d’avoir pu réaliser ce test de Indika.

Aussi vrai que paroles d’évangile, me croirez-vous quand je vous dis qu’il faut absolument donner sa chance à Indika ? Je vais tenter de vous convaincre dans ce test.

Je remercie l’éditeur de m’avoir fourni une version numérique du jeu afin de réaliser ce test.

Ainsi soit-il

 

L’histoire 

 

Indika vous met aux commandes d’une none du même nom. Elle a tout de la bonne sœur. L’apparence, elle est vêtue d’une cornette et d’une robe sombre. Elle ne quitte jamais son chapelet et bien entendu c’est dans un couvent que commence son aventure. L’histoire prend place dans une Russie alternative et orthodoxe des années 1900. La jeune Indika n’est pas appréciée des autres sœurs et est leur souffre douleur. Rien ne lui est épargné. Il faut dire que la jeune fille est quelque peu particulière : elle parle avec le diable. À la suite d’une ultime crise pendant la communion elle se voit confier la mission de livrer une lettre. C’est ainsi que son périple débute. En chemin elle fera la rencontre d’Ilya un prisonnier qui lui parle avec Dieux. Quel curieux hasard !

 

Un sombre univers

 

L’univers d’Indika est digne d’un film d’auteur. Il est sombre, crasseux, empreint de misère et parfois perturbant. Il faut dire que durant notre périple on croisera certaines figures qui baignent dans le péché. On assistera aussi à des scènes qui même si elles ne sont pas présentes dans le champ de la caméra sont assez explicites ( viol, nudité … ). Ce sentiment est souvent renforcé par la manière dont les plans de vue du jeu sont réalisés. À cela il faut ajouter le troublant personnage d’Indika. Si en apparence c’est une none ingénue qui part découvrir la vie. Elle cache de nombreux secrets. Cela renforce l’intrigue et nous donne envie d’avancer. D’autant plus que son passé nous est distillé tout au long de l’histoire. Enfin il y a toute cette partie philosophique à propos de la religion, de l’obéissance, des choix qui ressortent à travers les discussions entre la jeune femme et Ilya. Elles posent toujours des problématiques intéressantes tout en restant dans le respect des opinions de chacun. C’est un point qu’il est important de souligner. Croyez-moi durant ce périple de 5h Indika risque de chambouler votre univers.

Une œuvre d’art biblique

Autant le dire tout de suite Indika est un véritable bijou. L’histoire est contée par un narrateur diabolique qui sait nous mettre dans l’ambiance. Son langage cru, parfois obscène colle parfaitement à ce qu’on attend du diable parlant à une none. Il faut souligner l’incroyable performance du doubleur anglais qui y met toute son âme ! Je ressentais sans soucis l’espièglerie du malin dans ses mots ! Pour ceux qui veulent encore plus d’immersion le jeu propose un doublage russe intégral.

En ce qui concerne la réalisation graphique le jeu n’est pas en reste. On est même bluffé par la qualité du jeu quand on sait qu’il s’agit d’un studio indépendant. Les développeurs ont exploité au maximum l’unreal engine et ça se voit. Particulièrement sur les environnements intérieurs qui profitent d’une multitude de détails, d’objets posés ci et là. Cela pousse a l’exploration et invite le joueur à fouiner et regarder les moindres recoins. Même si quelques surprises pas très catholiques vous attendent parfois. On y retrouvera aussi quelques décors diaboliquement bien pensés. Par exemple une fournaise qui vous attend en contrebas dans la zone du séchoir à poisson. Ajoutez à cela le fait que les développeurs utilisent habilement les couleurs pour refléter l’état d’esprit de notre none. Le blanc et la grisaille illustreront l’instant présent et le calme tandis que le rouge sera le témoin de la venue de notre passager cornu.

Du gameplay inspiré

Tout d’abord il est bon de le préciser Indika ne réinvente pas la roue. Ce jeu d’aventures à la troisième personne nous propose un périple assez linéaire. Comptez 4 à 5 heures pour en voir le bout sans grande possibilité de rejouabilité. Sauf si vous voulez faire la chasse aux succès et aux objets à collecter. L’accent est avant tout mis sur la narration, et les discussions philosophiques entre les deux protagonistes.

Cependant on est loin d’un walking simulator. Le jeu alterne habilement entre phases de narration / discussions et énigmes. Le rythme est bon et nous maintiendra en haleine tout du long. Les énigmes elles restent simples pour qui a l’habitude du genre et ne devraient pas poser de problèmes aux autres. En règle générale à part escalader des plateformes ou déplacer des objets vous ne ferez rien d’autre. Mention spéciale cependant à la mécanique de la prière qui nous fait alterner entre 2 dimensions afin de progresser dans le niveau et qui aurait mérité d’être plus utilisé tant c’est bien trouvé.

Enfin le jeu a eu la bonne idée de représenter le passé d’Indika sous la forme de mini-jeu en pixel art. Ces derniers rappelleront de nombreux souvenirs de gamer à certains ( Mario kart, Celeste … ) tant ils proposent des gameplay variés. Ce sont des pauses ingénieuses dans la narration qui pimentent l’aventure. Le titre a qui plus est la bonne idée de ne pas en abuser. Après-tout nous somme là essentiellement pour l’histoire.

Conclusion

Indika est ce qu’on pourrait qualifier d’Ovni vidéoludique. Il tente ce que personne n’avait osé avant : nous mettre dans la peau d’une none. L’histoire est brillamment racontée, troublante et perturbante juste comme il faut. On appréciera l’ensemble des discussions philosophiques entre les deux protagonistes et le soupçon d’action fourni par les puzzles, énigmes et phases en pixel art. Si vous êtes friand du genre et que vous n’êtes pas trop sensible c’est un jeu qui vaut le détour tant pour les thématiques abordées que pour l’expérience visuel et sonore.

 

Les plus

  • visuellement sublime
  • proposition unique
  • la narration
  • les jeux en pixel art
  • le rythme

les moins

  • quelques bugs de collision
  • trop court
  • la fin un peu abrupte