Test – The Thaumaturge, enquête mystique en Varsovie

Test – The Thaumaturge, enquête mystique en Varsovie

4 décembre 2024 Non Par OursGamer
Temps de lecture : 7 minutes

Sortit sur PC le 4 mars 2024 le titre du studio Fool’s Theory et du Polonais 11bit studio, à qui l’on doit notamment Frostpunk, reviens hanter nos consoles ce 4 décembre 2024. Il est en effet disponible sur PlayStation 5 et Xbox Series en version numérique et dès le 19 décembre en édition physique. Si Fool’s Theory ne vous dit rien, sachez d’ores et déjà que vous entendrez à nouveau parler d’eux car ils planchent déjà sur le remake du très célèbre The Witcher de CD Project. Avons-nous apprécié notre plongée mystique dans le rpg-narratif The Thaumaturge ? La réponse dans le test de cette curiosité du mois de décembre.

« Test réalisé à partir d’une version numérique fournie par le studio que nous remercions »

Mystique révolution

L’histoire de The Thaumaturge prend place en 1905 sur fond de révolution polonaise. Le pays n’existe alors pas en tant qu’état indépendant et est divisé en 3 parties entre l’Empire Russe, l’Empire austro-hongrois et l’Empire Allemand. L’économie est au plus mal et les tensions sont vives, allant jusqu’à la défiance du gouvernement mis en place par le Tsar. Les révolutionnaires polonais restent cependant très divisés entre partie socialiste et partie démocrate. Tous ces éléments transparaissent durant toute notre aventure, aussi bien dans les divers documents consultables en jeu, que dans les discussions que nous aurons avec les habitants. C’est à la fois déroutant étant donné que c’est une période qu’on étudie peu et très intéressant de la part du studio polonais d’avoir utilisé leur histoire locale comme trame de fond. En tous cas, mon aventure fut très instructive.

L’héritage familiale

Dans ce tumulte, nous incarnons Wiktor Szulski, un thaumaturge. C’est-à-dire une personne capable d’interagir avec son environnement et les personnes afin de mettre à nu leurs émotions, leurs pensées les plus intimes mais aussi leurs secrets les mieux gardés. Il tient ses pouvoirs d’un livre mystique et des Salutors, des démons éthérés, qui lui permettent en plus de manipuler ses cibles. Malheureusement, ses pouvoirs l’ont rendu malade. C’est alors qu’il fait la connaissance de Grigori Raspoutine, qui prêtant pouvoir le guérir. Si ce nom ne vous est pas inconnu, il s’agit effectivement du célèbre mystique connu pour ses liens avec la Cour impériale de Russie. À peine remis de son mal, Wiktor est malheureusement rappelé en Varsovie par une triste nouvelle : la mort soudaine de son père. S’ensuit alors une enquête emprunte de politique et de mysticisme pour élucider les circonstances de sa mort et retrouver le livre noir, un mystérieux artefact que ce dernier lui a légué.

Le folklore slave introduit par cette aventure mystique est particulièrement intéressant et bien dosé. Entendez par là qu’il y en a juste assez pour rendre les choses intéressantes et crédibles sans pour autant donner dans la surenchère. Pour le reste, on tombe malheureusement dans un scénario quelque peu classique. Avec un héros en colère contre son père et l’héritage qu’il lui laisse malgré lui. Cependant, l’atmosphère et l’ambiance gothique nous transportent tout du long de l’aventure.

Enquête mystique en Varsovie

Une ambiance oppressante

En effet, on peut dire que le studio Fool’s Theory a mis le paquet pour recréer une ambiance sombre et oppressante où l’ésotérisme et le surnaturel se mélangent à la réalité historique. Nous allons ainsi évoluer dans une ville sale, grisonnante et boueuse où la couleur n’est pas vraiment au menu. Graphiquement parlant, c’est très réussi, rempli de détails en tous genres. Le studio tire partie du moteur Unreal Engine 5 pour nous offrir de nombreux éléments qui accentuent l’immersion et cette atmosphère oppressante. Comme des ombres ou des reflets qui ajoutent du réalisme à l’ensemble des décors. Je n’ai trouvé à redire durant ce test de The Thaumaturge que sur certains détails liés aux personnages. Comme les visages, qui ne sont pas une franche réussite.

Un monde semi-ouvert

Pour en revenir à notre terrain de jeu. The thaumaturge nous propose un système assez intéressant de cartes interconnectées. On évolue ainsi dans des portions instanciées de décors qui sont accessibles par divers moyens de locomotion. Loin d’un monde ouvert. Ces cartes regorgent cependant de vie et d’indices (document, conversation… ) qui participent à l’ambiance globale du titre. Il nous faudra bien prendre le temps de les observer pour collecter ceux nécessaires à l’avancée de notre enquête principale. Mais aussi, pourquoi pas dévoiler quelques intrigues secondaires. Loin d’être obligatoires, ces enquêtes optionnelles permettront néanmoins de mettre en évidence certaines ramifications de l’histoire et parfois collecter des éléments très utiles à l’aventure comme des failles ou des Salutors.

Des enquêtes téléguidées

Cependant, même si sur le papier tout cela semble intéressant. Le système d’enquête et de missions de The Thaumaturge ne m’a pas franchement convaincu durant ce test. Les missions sont en effet stockées dans un journal et peuvent être sélectionnées une par une. Certaines pouvant être manquées si elles ne sont pas réalisées avant certains moments de l’histoire. Cependant, une fois la mission active, on se surprend à devoir appuyer sur une seule et unique touche pour suivre une trace de fumée. Sorte de fil rouge conducteur qui nous guide là où nous devons aller. Une fois sur place, il suffira à nouveau de spammer la même touche pour faire apparaître les éléments et personne à consulter. L’ensemble s’assemblant automatiquement pour nous fournir une conclusion. On est comme sur des rails.

À mon sens, il aurait été bien plus intéressant de nous proposer un système comme celui des Ace Attorney qui nous permet de tirer nos propres conclusions en assemblant les éléments. D’autant que les descriptions d’indice sont tout bonnement incroyables et permettraient à elles seules de produire ce genre de système. C’est d’ailleurs un point intéressant de la narration. D’autant plus que ces indices y participent en nous offrant parfois diverses portes de sorties dans les dialogues en fonction des conclusions de l’enquête.

Une narration remplie de dilemme

En plus de son univers soigné, il faut bien avouer que la narration de The Thaumaturge est exemplaire : un folklore slave maîtrisé, des protagonistes intéressants et bien développés, un cadre historique qui sert de toile de fond. Mais surtout, elle met en place de nombreux choix moraux qu’il nous faudra effectuer. Ces derniers ne reflétant d’ailleurs aucune solution idéale mais plutôt une lutte entre le bien et le mal. Et pour une fois, ils auront un réel impact ! Conduisant parfois à l’abandon de certains pouvoirs, d’autrefois à la perte d’un personnage, nous évitant de combattre, mais aussi à plusieurs fins possibles. Le jeu compte vraisemblablement 12 fins possibles ( variantes incluses ) que je n’ai pas encore eu le temps de toutes explorer au moment où j’écris ces lignes.

Il est à noter qu’en fonction de vos précédent choix, mais aussi de l’évolution de vos compétences ou de l’enquête. Toutes les options de dialogue ne vous seront pas forcément accessibles. À vous de maximiser toute vos chances de pouvoir choisir les réponses adéquates. Voir parfois d’user de vos Salutors pour manipuler l’esprit d’une personne récalcitrante.

Le titre nous offre alors un fort potentiel de rejouabilité. Pour peu que l’on n’ait pas oublié de sauvegarder notre partie au moment où ce dernier nous prévient que nous allons franchir un point de non-retour. J’aurais ainsi passé 13h en ligne droite pour voir la première conclusion. Il m’en faudra sûrement autant pour parcourir toutes les missions secondaires et ainsi récupérer l’ensemble des Salutors et fin possible. De quoi bien nous occuper. Particulièrement quand on sait que le titre est proposé pour une trentaine d’euros.

Un tour par tour réfléchi

Pour finir ce test j’aimerais aborder le dernier point intéressant de The thaumaturge : son système de combat. Il est basé sur un système de tour par tour comme dans les RPG traditionnels. On contrôle Wiktor assisté parfois d’allié mais aussi de ses Salutors qu’il contrôle. L’ensemble repose sur un astucieux mélange de capacité à base d’attaque, de condition (souffrance) et de point de capacité mentale. On pourra ainsi faire tomber les points de vie de nos ennemis à l’aide d’attaque mais aussi la jouer plus finement pour affecter leur santé mentale et les faire tomber dans la folie. Ce qui nous permettra de leur infliger des combos dévastateurs. Il faudra en plus tenir compte des résistances mentales de chacun, qui leur offriront divers bonus. Ces dernières pouvant être percées grâce à certains Salutors ou tout simplement l’état de folie.

En plus de ce système d’attaque, il faudra tenir compte d’une barre de temps représentant la durée de nos attaques (courte ou longue ). Mais aussi le potentiel d’interruption de ces dernières. Le titre possède ainsi un système complet. Il peut même, à haut niveau de difficulté, donner lieu à des combats stratégiques et très complexes à gagner. Croyez-moi, si on ne fait pas attention, on perd assez rapidement.

Bien entendu, au fur et à mesure de votre montée en puissance et de l’acquisition de nouveaux Salutors , il vous sera possible d’améliorer et d’acquérir de nouvelles capacités. L’ensemble se personnalise à l’aide de l’interface du jeu qui pour le coup est assez austère et difficile à manipuler au premier abord. Cependant, on finit par s’y faire.

Conclusion

The Thaumaturge nous propose une incroyable expérience mystique dans un univers soigné et qui flatte la rétine. L’ensemble est appuyé par une narration exemplaire où chaque choix compte vraiment. Bien qu’on pourra lui reprocher son système d’enquête trop simple, il est contrebalancé par des combats stratégiques très intéressants. On ne peut que vous recommander l’expérience si vous aimez les univers narratifs et si le folklore russe vous attire.

Pour

  • Système de combat complet
  • Folklore Slave
  • Réalité historique
  • Personnages intéréssant
  • Ambiance

Contre

  • Système d’enquête
  • Visages pas terribles