Chronique – Le Grimoire et le Monstre de Jean-Charles Ray
10 janvier 2025Parmi les nombreuses sorties de fin d’année chez Pix’n Love, nous avons pu découvrir le premier tome de la collection Savoirs Vidéoludix : Le Grimoire et le monstre – Penser le jeu vidéo par la littérature fantastique. Après avoir parcouru les pages de l’ouvrage, il est temps de vous partager mon avis.
Chronique réalisée à partir d’une version presse fournie par les éditions Pix’n Love que nous remercions.
Présentation de l’ouvrage
Présenté quelques semaines avant les fêtes de fin d’année, Le Grimoire et le Monstre est disponible depuis le 29 novembre en librairies, auprès de vos revendeurs habituels. Mais aussi directement sur le site des éditions Pix’n Love au prix de 14,90 €. Un prix tout doux pour ce bel ouvrage de 200 pages signé Jean-Charles Ray, docteur en études cinématographiques et en littérature comparée à l’université de Montréal. Ce dernier s’est au fil du temps spécialisé dans dans l’étude des liens entre narration et jeu. Mais aussi dans une analyse approfondie de l’horreur au cinéma, dans la littérature, le jeu de rôle papier,… Ce genre de l’imaginaire se retrouve dans bien des domaines que nous allons pouvoir découvrir à travers sous différentes formes.
Cet ouvrage propose une nouvelle approche des jeux vidéo enracinée dans le modèle littéraire du grimoire. Avec cette figure fantastique du livre codé permettant d’invoquer des créatures immatérielles, Jean-Charles Ray s’appuie sur la matière première de l’œuvre – le code textuel et numérique – pour lui associer l’activité du lecteur/joueur qui lui donne vie et arpente les mondes qui y sont contenus. Il dépasse l’opposition entre la narration et la jouabilité et montre que ce qui se joue à la fois dans la structure ludique et dans l’activité du joueur, c’est une lutte cyclique pour la mise en système maîtrisable (le grimoire) d’un élément informe et inconnu (le monstre). On retrouve cette association conflictuelle dans le texte qui met en mots l’imaginaire et dans les règles qui encadrent un espace d’actions possibles, mais également chez le joueur qui cherche à comprendre comment agir face à une situation inconnue et chez le lecteur qui, au-delà du papier et de l’encre, voit agir des personnages auxquels il a donné naissance.
Cette perspective permet d’aborder un large éventail de jeux, depuis Space Invaders (1978) jusqu’à Dark Souls (2011), en passant par Resident Evil (1996) et Silent Hill (1999). Leur étude est accompagnée de comparaisons puisées dans les œuvres de H. P. Lovecraft, Joseph Conrad, Clive Barker et autres classiques de la littérature fantastique.
Résumé de l’ouvrage fourni par les éditions Pix’n Love
Anatomie de l’horreur
Au fil des pages, l’auteur nous offre une analyse aussi riche qu’approfondie de notre appétence pour l’horreur. Des premières oeuvres littéraires, en passant par le jeu-vidéo, on se rend compte que contrairement à un film et quel que soi notre rapport au média.Il ne peut exister sans interaction de notre part.
La littérature et le jeu sont ce que nous en faisons. Si l’image cinématographique s’impose au spectateur et défile devant lui comme un mouvement naturel, le roman et le jeu doivent être animés, complétés par le lecteur-joueur.
Extrait de Le Grimoire et le Monstre
Une contribution nécessaire en tant que lecteur lorsque vous tournez les pages de l’ouvrage que vous êtes en train de lire. Le fait d’accepter une quête lorsque vous débutez un jeu. Chacune de vos interactions a son importance, à condition d’oublier le monde réel pour se plonger dans ces univers fictifs aux antipodes du nôtre…
Fear factor
Au fil de ma lecture, j’ai inconsciemment découvert à quel point l’interprétation de l’horreur pouvait prendre différentes formes. L’auteur s’appuie sur de très nombreuses références qui nous perdent parfois. Mais nous permettent aussi de mieux cerner la façon dont elle peut se manifester. Quelques exemples vidéoludiques:
- Five Nights at Freddy’s : Jumpscares.
- Clock Tower : Horreur visuelle. Un tueur vous poursuit ce qui impacte sur la santé mentale du personnage principal.
- Silent Hill : Peur de l’espace ne sachant pas ce que cache le brouillard, créatures à l’aspect terrifiant.
Silent Hill encode les ténèbres pour mieux les faire ressurgir
Conclusion
Tel un livre interdit, le Grimoire et le Monstre m’aura fait succomber à son appel dès son annonce. Pages après pages, Jean-Charles Ray m’aura fait découvrir l’horreur autrement! Un ouvrage très instructif sur le fond, permettant de mieux comprendre et appréhender la peur sous ses différentes formes. Mais qui risque parfois de vous perdre en cours de route…