
Test – Suikoden I & II HD Remaster, Les étoiles brillent à nouveau
5 mars 2025Souvent citée par les fans de J-RPG comme une licence culte, notamment pour son 2ᵉ épisode. La saga Suikoden ne s’est malheureusement jamais imposée face à des licences comme Final Fantasy ou Dragon Quest. Il n’en reste pas moins qu’elle a connu un regain d’intérêt ces dernières années. Notamment grâce à sa suite spirituelle Eiyuden Chronicle puis l’annonce du remaster HD des premiers épisodes par Konami pour le 6 mars 2025. Il est grand temps de faire briller à nouveau les 108 étoiles du destin. Qu’as-tu pensé de notre périple ? La réponse dans ce test de Suikoden I & II HD Remaster.
« Test réalisé à l’aide d’une version dématérialisée Xbox fournie par l’éditeur que nous remercions »
La guerre n’en finit pas
Des gamins et la guerre
Suikoden I nous propose d’incarner Tir McDohl, le fils d’un grand général de l’Empire de la Lune Écarlate. Ce dernier se voit confier un certain nombre de missions sous la supervision du conseiller Kraze. Malheureusement pour lui, il se retrouve rapidement mêlé à un conflit qui implique l’une des 27 vraies runes magiques. Traité comme un hors-la-loi et contraint de fuir, il est recueilli par Odessa Silverberg, la cheffe de la rébellion. De fil en aiguille, il va découvrir la corruption et la tyrannie qui règnent dans l’Empire et embrasser la cause d’Odessa afin de restaurer la paix.

Suikoden II prend place trois ans plus tard dans une nouvelle région. On y suit le destin de deux jeunes recrues de la brigade de Highland : Riou et Jowy. Ils sont malheureusement les victimes collatérales des manigances du prince Luca Blight, visant à déclencher une guerre. Laissés pour morts, ils sont recueillis et soignés par des mercenaires. Malheureusement, le destin les fait rapidement rejoindre des camps opposés.

Une narration magistrale
La narration des deux titres est intéressante et profonde, particulièrement pour des J-RPG de cette époque. Elle fait intervenir des thèmes classiques comme la trahison et l’amitié. Mais repose aussi sur de nombreux rebondissements et moments tragiques qui impliquent d’autant plus le joueur. Vous allez maudire certains protagonistes comme l’infâme Luca Blight ! Si Suikoden I est avant tout une épopée héroïque nous narrant les exploits d’un héros et sa montée en puissance façon shonen. Suikoden II est plus nuancée et nous montre le destin de deux enfants pris dans la guerre. Dans tous les cas, ce sont des histoires qui ne s’encombrent pas de passages inutiles et présentent un bon rythme (respectivement 20h et 30h de durée de vie), même si Suikoden II est plus lent au démarrage. On appréciera aussi les clins d’œil et références au premier épisode dans le second. Cependant pas d’inquiétudes les aventures peuvent être vécues de manière indépendante.
Retro mais pas trop
Des combats simples et efficaces
Notre périple dans Suikoden I n’est pas sans heurts. Il nous faudra composer avec les divers ennemis qui se dressent sur notre route, mais aussi avec des batailles épiques entre factions ennemies. Pour cela, et dans la plus pure tradition du J-RPG, le titre de Konami nous offre un système de combat au tour par tour à rencontres aléatoires. On commande une équipe d’un maximum de six combattants, composant une escouade répartie en deux lignes : front et arrière-garde, chacune ayant une portée différente. Cette dernière influence leur placement. Pour chaque unité, lors d’un tour, on aura le choix d’utiliser l’attaque, la défense, les objets ou des runes, qui représentent la magie du jeu (attaque de feu, soin, protection…). Certains personnages pourront en plus réaliser, en fonction des liens qui les unissent, des attaques combinées dévastatrices.


De plus, pour ajouter de la diversité à l’aventure, les développeurs ont eu l’ingénieuse idée de mettre en place un système de duel et un autre de bataille. Ces derniers reposent sur le principe de « pierre-feuille-ciseaux », avec quelques nuances permettant de prendre l’avantage. Pour les duels, il sera nécessaire de bien lire les invectives de votre adversaire pour deviner son prochain mouvement. Tandis que lors des batailles, il vous faudra utiliser vos recrues spéciales (ninja, marchand, voleur…) pour espérer avoir un coup d’avance. Des systèmes grisants, qui font vivre quelques moments de tension, mais qui s’essoufflent et deviennent trop simples sur la fin, particulièrement si l’on a recruté beaucoup d’étoiles.
Mon beau château
Bien qu’il soit possible d’avoir accès à de nombreuses boutiques (armurerie, forgeron, marchand…) dans les différentes villes que l’on traverse dans l’aventure afin d’améliorer notre équipement, Suikoden utilise un système d’arme unique à améliorer au fil de l’aventure. Très vite, il va être intéressant de développer notre château. Il agit comme une sorte de HUB et nous permet d’avoir accès à ce qui se fait de mieux en termes d’équipement, mais aussi à des fonctions additionnelles bien pratiques. Et cela passe par le recrutement des fameuses 108 étoiles. Certaines se révéleront être d’incroyables combattants, tandis que d’autres seront de fabuleux soutiens pour mener votre guerre à bien.


C’est à ce moment que votre fidèle serviteur a saisi toute la modernité du titre, au vu de son époque de conception ! En effet, Suikoden vous invite à constituer une véritable armée de résistants par l’intermédiaire de recrues, disséminées un peu partout, qui vous fourniront de nouvelles fonctions pour votre château : mini-carte, forgeron puissant, téléportation, sauvegarde et soins gratuits… Cela a le mérite de rendre la quête des 108 étoiles gratifiante, d’autant plus que les obtenir relèvera bien souvent de l’accomplissement de mini-quêtes.


Un système évolutif et complet
Suikoden II se place en tant qu’évolution naturelle du premier opus. Il vient ainsi gommer quelques erreurs de jeunesse. Tout d’abord, par l’introduction d’un réel inventaire avec un sac, et non plus un espace limité à 10 emplacements par personnage. Il met aussi l’accent sur la magie avec la possibilité d’utiliser plus d’une rune, permettant ainsi davantage de stratégies en combat. Mais surtout, le mode bataille, trop simpliste, est remplacé par une version allégée d’un système de combat tactique à la Fire Emblem. Cela renforce le sentiment d’incarner un chef de guerre guidant ses troupes vers la victoire.

Au final, avec ses nombreux systèmes de combat et toutes ses fonctionnalités à collecter, Suikoden se révèle être complet. Il inclut plusieurs mécanismes qui restent d’actualité dans les jeux modernes, et sa prise en main est simple, même pour les nouveaux joueurs. On comprend alors pourquoi le remaster se concentre davantage sur l’ergonomie et l’esthétisme.



Le remaster ultime ?
L’heure du bilan
C’est, je pense, le moment que la plupart d’entre vous attendaient : les ajouts de ce remaster. La première chose qu’on constatera, et ce dès la cinématique d’introduction, c’est une refonte graphique en profondeur des deux jeux. Elle est d’ailleurs beaucoup plus impressionnante sur Suikoden II. Les décors ont été intégralement retravaillés en HD avec l’ajout de nombreux effets et animations (flamme dansante, brouillard, mouvements de l’eau, éclairages et ombres…). Ce travail effectué par les équipes de développement rend les lieux vivants et participe à l’immersion du joueur. Certaines scènes, déjà marquantes autrefois, le sont ainsi encore plus. On retrouve le même travail sur les ennemis et les zones de combat. À cela, un réarrangement des pistes audio parfait la copie avec l’ajout ici et là de quelques bruitages supplémentaires pour rendre l’aventure encore plus immersive. Les jeux frôlent ainsi la qualité d’un Octopath Traveler sans toutefois l’atteindre.


Certains argueront que les personnages auraient pu être retravaillés au-delà d’un simple pixel art, mais pour ma part, j’apprécie ce choix. Une autre façon de faire aurait, à mes yeux, dénaturé les matériaux de base. D’autant plus qu’ils sont bien animés. On retrouve cette façon de faire dans les menus. Ils conservent un style rétro, mais leur ergonomie a été grandement améliorée afin d’éviter de nombreux allers-retours du joueur entre les interfaces. On citera la possibilité de naviguer directement dans l’inventaire d’un autre membre de l’équipe. Mais aussi la présence d’un système d’affichage de la formation du groupe bien plus visuel et pratique. L’ensemble est bien entendu harmonisé entre les deux jeux afin de ne pas perdre le joueur, allant jusqu’à utiliser des visages HD retravaillés, au style unifié entre les deux jeux par Junko Kawano (charadesign de Suikoden I).
Suikoden I & II voient leurs mécaniques harmonisées
Des jeux en harmonie
Cette harmonisation passe aussi par la présence d’options d’ergonomie, comme la possibilité d’accélérer les combats et l’ajout de la course sans l’utilisation d’une rune dans Suikoden I. Mais surtout, la présence d’un historique de conversation dans les deux jeux. Il tient lieu, grâce à son système d’épingle de message, de journal de quête. On ne peut que saluer l’initiative des développeurs de ne pas avoir dénaturé le titre avec un véritable journal et des pointeurs. Ils auraient rendu l’aventure trop dirigiste. En effet, ce sont des jeux où il est intéressant de se perdre, de discuter avec les habitants… Particulièrement pour recruter les 108 étoiles et améliorer son confort de jeu. Cependant, on aurait aimé que les traductions françaises intégrales des deux jeux, qui sont de bonne qualité, aient modifié à peine le script pour simplifier quelques passages cryptiques (coucou Laikan perdu dans la montagne…). Enfin, on regrettera la non-présence d’un système de save state et de multiplicateurs d’argent/expérience intégrale en lieu et place d’orbes additionnelles fournies en début de partie.

Pour
- Graphismes HD
- Ergonomie retravaillée
- Harmonisation
- Respect du matériel d’origine
- Suikoden n’a pas prit une ride
- Scénario profond
Contre
- Quelques coquilles dans la traduction
- Save States manquant
Suikoden I & II HD Remaster
Résumé
Suikoden I & II HD Remaster se présente comme la version ultime pour découvrir ces deux J-RPG cultes. Les titres n’ont pas pris une ride et bénéficiaient déjà pour l’époque d’une narration travaillée et profonde ainsi que de systèmes de combat et de hub intéressants qui n’ont rien à envier à certains titres de notre époque. Ces versions remasterisées viennent sublimer l’ensemble avec une refonte graphique et des ajouts ergonomiques respectueux du matériel d’origine. Bien que Suikoden II soit l’évolution naturelle évidente du premier opus. On appréciera le travail d’harmonisation réalisé entre les deux titres. Il permet d’enchaîner les aventures sans être dépaysé. Finalement, le tout rend ainsi parfaitement abordable Suikoden I & II pour les nouveaux joueurs soucieux de parfaire leur culture vidéoludique.