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Test – Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires

  • Pampa Poulpe 
Temps de lecture : 9 minutes

Sorti initialement sur Wii U, Project Zero: Maiden of Black Water (titre original) a vu le jour en 2015, développé par Tecmo. Le jeu revient en version remasterisée sur les consoles actuelles en 2021, pour notre plus grand plaisir ! Avec des graphismes améliorés et quelques ajustements, l’opus conserve cependant son ADN d’origine. Un délicieux mélange d’horreur psychologique japonaise et de mécanique unique de photographie spectrale. Voici notre verdict sur Test – Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires en ce Spooky Friday !

Test réalisé sur PS5 Pro avec la version dématérialisée du jeu achetée par passion de la saga.

Le retour d’une série culte et trop rare :

Project Zero (ou Fatal Frame) est une série de survival-horror née sur PlayStation 2 en 2001. Dès ses débuts, elle s’est imposée comme une alternative radicale aux grands noms du genre (Resident Evil, Silent Hill), par son approche plus psychologique, intimiste et résolument japonaise de la peur.

L’idée fondatrice, toujours unique en 2025, consiste à affronter les esprits à l’aide d’un appareil photo magique, le Camera Obscura, capable de capturer les âmes errantes. Cette mécanique crée une tension paradoxale : pour se défendre, il faut s’approcher de l’ennemi, le regarder dans les yeux, l’enfermer dans l’objectif. Un affrontement aussi physique que symbolique, parfois vraiment… terrifiant.

Chaque épisode s’enracine dans un lieu maudit (manoir, village, hôpital, montagne…) et mêle folklore shinto, mélancolie et trauma. Après une trilogie remarquée sur PS2, la série a semblé sombrer dans l’oubli, à mon plus grand désarroi.(Vous l’aurez compris : c’est une de mes sagas préférées !)

Il faudra attendre 2008 pour que le timide Project Zero 4 – Le Masque de l’Éclipse Lunaire pointe le bout de son nez… uniquement au Japon ! L’opus ne nous parviendra qu’en 2023, sur toutes les consoles. Curieux, n’est-ce pas ? Surtout que l’épisode du jour, Project Zero 5 – La Prêtresse des Eaux Noires, est disponible chez nous depuis… 2015. Allez comprendre !

Un cauchemar sur le mont Hikami.

Dans Project Zero 5 : La Prêtresse des Eaux Noires, l’histoire se déroule sur le mont Hikami. Un lieu sacré au passé trouble, entouré de mythes sur la mort, la spiritualité et les rituels shinto. Les gens y viennent pour prier… ou mourir. On y suit trois personnages jouables, chacun confronté à ses propres visions et à une réalité qui vacille entre le monde des vivants et celui des esprits.

Sans révéler les rebondissements, l’intrigue est centrée sur la disparition de plusieurs personnes liées au mont et les rituels sinistres qui y sont pratiqués. Ce qui démarre comme une mission de secours devient une lente descente dans l’horreur, où les frontières entre souvenirs, fantômes et hallucinations s’effacent.

Les personnages :

  • Yuri Kozukata est une jeune femme endeuillée, capable de percevoir les morts. Yuri cherche son mentor et amie sans réussir à aider les jeunes étudiantes qui lui demandent de l’aide… Sa souffrance va de pair avec l’ambiance lugubre du jeu.
  • Ren Hojo est un écrivain fasciné par les rituels funéraires oubliés et les mystères liés au mont. Il rêve sans cesse d’une jeune fille pâle comme la lune, d’un passé qui n’est peut être pas le sien.
  • Miu Hinasaki est quand à elle, la fille du personnage principal du premier Project Zero. Elle est à la recherche de sa mère. Le personnage le moins travaillé, dommage.

Les prêtresses noires :

Au cœur du récit de La Prêtresse des Eaux Noires se trouve une légende terrifiante et sacrée : celle des Prêtresses noires (ou “Black-Haired Shrine Maidens”), des jeunes femmes offertes au Mont Hikami pour accomplir un rôle spirituel essentiel… mais tragique.

Dans les croyances locales, le mont Hikami est un lieu de passage entre le monde des vivants et celui des morts, chargé d’énergie spirituelle. Les prêtresses y avaient pour mission de guider les âmes en détresse vers l’au-delà – en particulier celles qui mouraient noyées ou dans la solitude, empêchées de reposer en paix. Ces femmes choisies, dotées d’une forte sensibilité au surnaturel, absorbaient la douleur, la folie, et la tristesse des morts afin de les apaiser… jusqu’à en être consumées elles-mêmes. Leurs corps étaient ensuite déposés dans l’eau sacrée du mont, la Source noire, censée purifier et garder le lien entre les mondes. C’est joyeux n’est ce pas ? Je vais m’arrêter là je pense. La suite vous attends dans le jeu !

Après un bref tuto en compagnie de la belle Hisoka, le jeu commence. Une disparition, un besoin de venir en aide… Le rythme peut sembler lent au départ, mais il sert une narration à l’ambiance lourde et oppressante, fidèle à l’école japonaise du genre et aux anciens jeux de la saga. L’écriture mise davantage sur la suggestion que sur l’explication, et laisse une place importante à l’interprétation du joueur. Les documents à ramasser, les flashbacks et les visions enrichissent un univers dense, sombre et empreint de spiritualité.

Capturer l’horreur à travers l’objectif :

Avec Project Zero, pas de gunfights avec de gros pistolets, pas de boules de feu pour faire exploser le décor !

Comme dans les précédents opus, le cœur du gameplay repose sur l’utilisation du Camera Obscura. Ce vieil appareil permet non seulement de voir les esprits invisibles à l’œil nu, mais aussi de les « exorciser » en les photographiant.

Chaque photo inflige des dégâts, et le joueur doit chercher à prendre les clichés les plus puissants en se rapprochant du spectre, en capturant plusieurs points faibles à la fois, ou en déclenchant une Fatal Frame au moment exact de l’attaque.

Plusieurs types de films sont disponibles, en nombre limité. On peut les ramasser ou les acheter en début de chapitre contre les points gagnés précédemment. Les objectifs, quant à eux, se débloquent au fil de l’histoire.

En dehors de ça, les points peuvent être utilisés pour acheter des objets de soin, des formats de photos ou des tenues ! Fan service oblige, vous pouvez même mettre les héroïnes en maillots de bain ! Non, je ne mets pas de photos.

Des chapitres qui se ressemblent :

Chaque personnage dispose de missions spécifiques, et l’histoire progresse par chapitres rejouables, avec un système de notation (vitesse, efficacité, photos collectées).

L’aspect scoring, déjà présent dans les épisodes précédents, encourage à rejouer pour débloquer des costumes, objets ou nouvelles scènes. Certains apprécieront, d’autres y verront une forme de répétitivité…

Sachez surtout que l’intégralité du jeu consiste à faire des allers-retours dans les différentes parties du mont Hikami.

Ajout à l’opus et amélioration remaster :

Ce système, appelé la « jauge d’humidité » (ou wetness gauge) ajoute une petite touche frissonnante à l’exploration. Petit clin d’œil au tatouage de Rei dans Project Zero III, qui progressait avec l’exposition au surnaturel,  plus le Personnage est mouillé (par la pluie, l’eau stagnante ou les attaques spectrales), plus la jauge se remplit. Suite à cela : la fréquence des apparitions augmente et elles sont plus agressives, on se fait plus facilement attraper par les mains baladeuses qui veulent nous avoir quand on ramasse un objet et bien sûr on prend bien plus de dégâts. La joie !

En marge de l’histoire principale, Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires propose un bonus narratif étonnant en fin de partie : quelques chapitres jouables avec Akane, issue de la saga Dead or Alive. Bien plus qu’un simple clin d’œil, cette mini-histoire plonge l’icône dans les brumes du mont Hikami. Attention, notre shinobi hargneuse n’a pas accès à l’appareil photo, elle…

Pour ce qui est de cette version remasterisée, les commandes ont été réadaptées à la manette : visée à la première personne via le joystick droit, déclencheur pour prendre les photos. Si l’ergonomie est bien gérée, le jeu conserve une certaine rigidité dans les déplacements, héritée de la version Wii U.

Cela renforce parfois la sensation de vulnérabilité, mais peut frustrer lors des affrontements les plus intenses. Ne nous voilons pas la face : les personnages, aussi frêles soient-ils, sont aussi lourds que des camions de glaces, même avec la sensibilité au maximum… et ça pratique quand 4 esprits de danseuses décident de vous amener danser.

Le charme de l’horreur nippone.

Graphiquement, le remaster améliore les textures, les effets de lumière, les modélisations d’eau et la netteté générale… mais ne fait pas de miracle. On n’atteint pas le niveau des productions actuelles en termes de détails ou d’animations faciales, bien sûr. Mais l’ambiance globale est saisissante : forêts noyées dans le brouillard, auberges abandonnées où ruisselle la pluie, sanctuaires engloutis où le silence pèse.

Les fantômes ne sont pas très variés, mais leur diversité est justifiée par le lieu et le moment. Si vous êtes assez rapide, certains, au moment du trépas, vous laisseront entrevoir un fragment de leur existence en version VHS noir et blanc. Les scènes sont toujours très dérangeantes et amplifient l’ambiance étouffante autour du lore du jeu…

Le doublage japonais, très réussi, participe à l’immersion. Il souligne le caractère feutré, triste et poétique des personnages — malgré une certaine répétition des lignes pour les ennemis aléatoires. J’ai beaucoup plus apprécié mon run en japonais qu’en anglais.

À noter que les sous-titres français sont clairs et bien traduits, mais uniquement disponibles sur la version dématérialisée du jeu.

Côté musique, les férus de thèmes glaçants devront se contenter d’une bande-son discrète et éthérée, souvent remplacée par des ambiances sonores : bruissements de tissu, gouttes d’eau, gémissements à peine audibles. Concrètement ? Pas besoin de plus.

Un retour imparfait mais envoûtant.

Loin des jump scares grossiers ou des fusillades à outrance, Project Zero 5 choisit une horreur sourde, pesante, chargée de symbolisme et de mélancolie. L’exploration du mont Hikami, ses forêts noyées, ses auberges suintantes, ses sanctuaires perdus dans la brume, évoque une atmosphère unique qu’aucun autre jeu ne reproduit vraiment. On n’avance pas ici pour gagner, mais pour affronter des souvenirs, des regrets, des craintes.

Le gameplay centré sur la Camera Obscura reste l’une des plus brillantes trouvailles du survival-horror : pour se défendre, il faut regarder l’ennemi dans les yeux, à travers un objectif, à quelques centimètres. La tension est immédiate, physique, et souvent angoissante. La Jauge d’humidité, nouveauté de cet opus, ajoute une couche « rafraîchissante » bienvenue, bien qu’un peu sous-exploitée.

Certes, le jeu souffre de défauts : déplacements rigides, recyclage de zones, rythme inégal. Et malgré le remaster, l’aspect technique reste daté, surtout sur les animations et les visages. Mais l’écriture fragmentée, les personnages hantés et le lore dense et poétique composent une expérience sensorielle à part, presque littéraire dans sa manière de suggérer plutôt que de montrer. Moi je l’ai personnellement beaucoup aimé. Pas autant que les trois premiers mais il reste un jeu appréciable avec des fins multiples que je compte bien obtenir !

Pour

  • Les photos de la mort
  • Le lore
  • L’ambiance

Contre

  • Aucun indice pour débloquer les fins
  • La rigidité de tank
  • Pas de VF sur la version physique

Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires

PampaPoulpe

Graphismes / Ambiance
Gamplay
Scénario
Intérêt

Résumé

Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires est un jeu étrange, lent, souvent déroutant, mais qui reste fidèle à l’âme de la série. Il ne cherche pas à faire peur par des jump scares ou de la violence, mais par la suggestion, la lenteur, l’attente. C’est une œuvre qu’on traverse comme un cauchemar ou un rêve malade. Il n’est pas dans les meilleurs de la saga mais mérite tout de même l’attention des fans et des curieux.

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