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Test – Luto, un premier jeu, une première réussite

  • Pampa Poulpe 
Temps de lecture : 6 minutes

Les jeux d’horreur étant mes meilleurs alliés, je ne pouvais pas passer à côté du test de Luto ! Développé et édité par Broken Bird Games, un petit studio indépendant espagnol. Nous tenons ici leur toute première production, soutenue par Selecta Play et Astrolabe Games. Après l’excellent Karma: The Dark World que nous offrait POLLARD STUDIO LLC pour leur premier pas, c’est parti pour Luto !

Test réalisé sur PS5 Pro à l’aide d’une clé numérique offerte par l’éditeur que nous remercions !

Une maison sous une maison, un labyrinthe dans le noir.

Avant même de lancer le jeu, nous sommes prévenus : ceci est une histoire sur la mort. Hop, ça pique la curiosité des âmes les plus lugubres ! (Bon, j’avais déjà joué à la démo moi, je l’avoue.) Après tout, Luto veut dire chagrin, deuil en espagnol, alors le message est déjà assez clair… Mais passons !

Les premiers pas de Luto nous amènent dans le désert. Ça m’a aussitôt rappelé Amnesia: Rebirth ! Mais aucun rapport : apparemment, notre ami Samuel, Sam pour les intimes, fait constamment ce rêve. Le désert, le sable qui fouette son visage jusqu’à le rendre aveugle… Quelque chose qui ne semble pas si différent de son quotidien ? En effet, Sam avance sans entrain, comme écrasé par un poids invisible. Sa petite maison à étage, aux portes fermées, est encombrée par des cartons en vrac, des papiers ici et là… Autant le dire : c’est le bordel, même si Sam vient de déménager ! Le sourire a déserté son visage depuis longtemps. Et c’est peu dire : on ne se voit absolument pas dans le miroir de la salle de bain ! Pourtant, malgré cette torpeur, il continue : le travail, les obligations, le quotidien qui s’étire, toujours pareil.

Une boucle ?

Les journées se répètent, mécaniques. Inlassablement. Jusqu’à ce que quelque chose change. Les meubles ne sont plus à leur place. Les couloirs, eux, s’étendent, se tordent, mènent vers des pièces qui n’existaient pas. La lumière vacille, le brumisateur s’active tout seul. (Mettez un casque !)

Et au-dessus de tout cela, une présence se fait entendre. Une voix. Celle d’un narrateur, peut-être, mais pas seulement d’après lui ? La voix nous connaît, nous aiguille dans un sens ou dans un autre sans qu’on ne puisse lui faire confiance. Il y a un petit quelque chose de guilleret et de narquois dans cette voix qui commente nos actions aussi. Sam ne parle pas, lui. Pourquoi ?

Sam n’est pas seulement Sam. Pourquoi a-t-il cessé de dessiner ? Isaac n’est plus. Qu’est-ce que grand-mère sous-entend par la malédiction de son mari ? Pourquoi y a-t-il un labyrinthe sous la maison ? À qui appartient la voix ? Et celle du téléphone ? Que sont les quatre silhouettes du tableau ?

La réflexion avant l’action

Comme 9 jeux d’horreur psychologique sur 10, Luto se joue à la première personne et nous laisse errer dans le néant de l’incompréhension pendant un bon moment. On tourne en rond, on fouille, on spécule ! Si j’ai passé la première heure avec une troll face parce que ça ne m’emballait pas des masses (je l’avoue), j’ai rapidement accroché aux énigmes un tantinet sournoises ! (On adore !)

Luto ne se limite pas au simple walking simulator comme énormément de jeux du genre, et ça fait un bien fou. Plus le temps passe et plus je trouve (cela n’engage que moi bien sûr) que les jeux d’horreur psychologique s’enlisent dans une monotonie franchement barbante. Avec ce premier jeu de Broken Bird Games, les neurones bossent plus que les doigts et c’est franchement agréable. Et ce n’est pas tout ! Il faudra aussi compter sur son ouïe (coucou les horloges) et sur sa vue (ah que coucou les glyphes) pour avancer et comprendre comment essayer — et je dis bien essayer — de sortir de cette maison !

Grossièrement, nous sommes malgré ça sur un jeu narratif avec de la collecte de dessins, de notes, d’objets… Un mélange entre Amnesia et Silent Hill, à la sauce du regretté P.T., sans l’ombre d’un gunfight.

L’image de la détresse et de la culpabilité

Je ne suis pas une très grande fan des espaces clos où l’on tourne en rond pendant des heures. J’ai même tendance à jouer par petites sessions dans ce cas, surtout si c’est en FPS. Mais il est honnête d’avouer ici que, quand bien même nous sommes étriqués dans une maison pendant toute notre excursion avec Sam… le soin apporté aux détails du jeu m’a rapidement fait oublier ça.

Clairement, le jeu est beau, et son ambiance fait tout le boulot sans mal. De la maison aux pièces remplies d’objets personnels à son reflet souterrain, des bugs voulus qui peuvent clairement étonner, en passant par les silhouettes drapées… C’est avec une facilité déconcertante que le temps file pendant notre exploration !

Niveau ambiance sonore, je ne peux que saluer le doublage (en anglais), que j’ai trouvé tout simplement excellent. Le “narrateur” est parfait, rien à dire ! Pour le reste, je conseille fortement de jouer avec un casque, pour ne surtout pas passer à côté d’un petit sursaut bien placé !

Un cauchemar maîtrisé, un studio à suivre

Avec Luto, Broken Bird Games signe une entrée remarquable dans le monde du jeu d’horreur psychologique. Si le jeu n’évite pas quelques longueurs ou errances propres au genre qui peuvent rebuter, il compense largement par une ambiance glaçante, une narration intrigante, et une vraie intelligence dans la mise en scène de la douleur mentale et du deuil.

Le scénario, un peu difficile à suivre dans ses premières heures mais gagne en clarté et surtout en intensité au fil du jeu. On commence désorienté, presque perdu, mais plus on avance, plus les pièces du puzzle s’assemblent, et plus l’envie de comprendre nous pousse à continuer.

Avec une durée de vie allant de 4 à 5h, si vous aimez les jeux qui prennent leur temps pour vous troubler, qui récompensent l’observation et la réflexion, alors Luto mérite clairement qu’on s’y perde… un peu. Et même si on en ressort sans toutes les réponses, une chose est sûre : on n’oubliera pas ce qu’on y a vu. Ni entendu. Dans le doute, on se relance une petite partie ?

Pour

  • Le sujet bien traité
  • Les énigmes
  • Le narrateur et son doublage
  • L’ambiance maîtrisée

Contre

  • Quelques crash sur PS5Pro
  • Peut être difficile à comprendre

Luto

PampaPoulpe

Ambiance / graphismes
Scénario
Gameplay
Intérêt

Conclusion

Je ne m’y attendais pas du tout, mais Luto est une bonne surprise. On ne peut que saluer le travail du studio, tant sur l’ambiance que sur la narration. Une vraie réussite pour un premier jeu !

4.1