Chronique – Les secrets d’Assassin’s Creed de 2014 à 2023 : Révolution
10 octobre 2024La saga Assassin’s creed a depuis 2007 fait vivre de nombreuse aventures aux joueurs avec pour ligne directrice : se réinventer et proposer une expérience unique. Thomas Méreur, avec la suite de son premier ouvrage, nous emmène encore une fois dans les coulisses de cette saga mythique. Il y analyse et décortique chaque épisode, paroles de créateurs à l’appui. D’Assassin’s Creed Unity et sa révolution française à Assassin’s Creed Mirage, qui clos la dernière saga en date, vous allez découvrir de nombreux secrets de réalisation et surtout ce qui fait le sel de chaque épisode. Les secrets d’Assassin’s Creed de 2014 à 2023 : Révolution est disponible chez Third Editions depuis le 10 octobre 2024.
L’ouvrage
Les secrets d’Assassin’s Creed de 2014 à 2023 : Révolution se décline en 3 formats comme à l’accoutumé chez Third Editions :
- First Print édition ( couverture alternative de Raphaël Lacoste ) : 29.90e
- Édition standard : 24.90e
- Édition numérique : 11.90e
Pour cette chronique, nous avons bénéficié de la version standard. Elle présente une couverture cartonnée, dans l’ensemble assez sobre, et reprenant les codes de la série. On y retrouve un aigle à l’intérieur duquel se cachent différents symboles directement liés à chaque titre évoqué dans l’ouvrage. En son centre et en relief, se trouve la célèbre emblème des Assassins ornée de la tant convoitée pomme d’Eden. Enfin au dos on retrouve l’emblème d’Abstergo, elle aussi en relief, soulignant ainsi la dualité entre ces 2 confréries emblématiques. C’est une iconographie appréciable et qui évoquera de nombreux souvenirs aux fans.
À l’intérieur, l’ouvrage est découpé de manière à organiser les propos de l’auteur en fonction de chaque jeu. On appréciera le soin apporté par l’éditeur, qui ponctue chaque début et fin de chapitre par une icône en lien avec l’opus traité. De même Thomas Méreur a pris soin d’organiser ses pensées à l’aide d’inter-chapitres marqués par un titre représentatif de ce qui va être évoqué. Cela rend la lecture bien plus digeste et agréable. Dernier point important, on profitera des très nombreuses notes de bas de page pour approfondir ce qui nous est raconté.
La fin d’une époque
Années après années, la saga Assassin’s Creed perpétue une tradition : sortir un épisode par an. Un peu à l’image de ce que font la licence FIFA et Call of Duty. Pour réaliser cette prouesse, ce sont plusieurs équipes qui se relaient. Ce qui explique parfois un certain décalage entre les épisodes. C’est dans cette ambiance que l’équipe d’Ubisoft Montréal va débuter la réalisation d’Assassin’s creed Unity. Un épisode que l’on pourrait qualifier, sans mauvais jeu de mot, de révolutionnaire.
À l’aube de la révolution française
En effet, ce dernier promet d’être le premier opus jouable en ligne avec un mode coopération. Une arlésienne qui date du premier titre de Patrice Desilet. Le jeu va même aller plus loin et se libérer des contraintes techniques du moment en passant sur un nouveau moteur orienté next-gen : l’Anvil 2.0. Permettant ainsi à l’équipe créative de réaliser un incroyable terrain de jeu. Un choix en apparence judicieux, mais qui leur coûtera un temps précieux.
Connus pour ses déboires techniques comme les chutes de framerate lié au mode en ligne. Assassin’s creed Unity est aussi l’épisode qui représente la plus belle lettre d’amour que l’on puisse faire à la série. Thomas Méreur dans son ouvrage passe en revue les brillantes techniques mise en œuvre pour nous fournir une expérience d’assassinat moderne respectant l’ADN du premier épisode : éclairage, zone à l’échelle 1:1, possibilités d’entrer dans les bâtiments, black box, IA améliorée, système de combat privilégiant la discrétion… Tout en oubliant pas de citer les personnes à l’origine de ces changements comme Thomas Guérin. Il est en effet responsable de l’incroyable système de quête du titre qui pousse volontairement à l’exploration. Malgré tous le mal est fait et l’épisode passera aux oubliettes.
Il faut « ouvrir les fenêtres »
Jean Guesdons
Gang of London
Après cet échec en demi-teinte, c’est à l’équipe d’Ubisoft Québec de prendre le relais avec Assasin’s Creed Syndicate. Il donnera malheureusement le dernier coup de lame secrète à la licence et mettra fin aux sorties annuelles. Le décor est planté, l’aventure prendra place dans un Londre de l’ère victorienne en pleine révolution industrielle. Malheureusement, le studio prend le dangereux pari de créer un scénario totalement fictif qui ne tire pas parti des zones d’ombres de l’Histoire. Rompant ainsi avec la tradition de la série. Ce qui aura pour résultat de ne pas autant susciter l’implication du joueur.
De plus, le titre piétine le matériel hérité de Unity. Il propose en effet un gameplay bourrin, misant sur le fun, à la limite du hors sujet. Cependant tout n’est pas à jeter. Syndicate se placera en tant que référence en ce qui concerne le sound design grâce à Austin Wintory qui accomplira un travail remarquable. Pour reprendre les mots de Thomas dont la plume dresse un portrait plus que flatteur de son travail, c’est : « mémorable ».
L’Assassin’s creed nouveau est là
Après une pause bien méritée dans la série, même si les fans ont profité d’une année marquée par le film asasssin’s creed, l’équipe d’Ubisoft Montréal va proposer quelque chose de nouveau. Au lieu de toujours se rapprocher de notre époque c’est un retour vers le passé qui est opéré. Jean Guesdon, le directeur créatif, décide que l’action se passera en Égypte. C’est un terrain de jeu qui va offrir plus de liberté et de souplesse. Avec en prime la possibilité d’explorer la mythologie des Isus responsable de la création des fragments d’Eden, mais aussi la naissance des assassins. Cependant pas question de partir dans tous les sens, fidèle à son credo la licence entend bien respecté la réalité historique ( armes, architectures… ). Pour cela elle se dote d’un historien attitré : Maxime Durand. Le jeu est tellement fidèle qu’en 2018, il intègre même un mode discovery tour transformant le jeu en véritable musée. Le renouveau passera aussi par une formule de type A-RPG à l’occidental avec de nouveaux systèmes tel qu’une IA vivante proche des systèmes multi-agents. L’univers est alors plus organique. L’essai se transforme en succès avec une note de 81 sur metacritic. Une nouvelle formule est née.
Profitant du nouveau système d’Assassin’s Creed Origins, sa « suite », Odyssey, va aller encore plus loin dans la démesure et le gigantisme qui marque dorénavant la série. L’épopée grecque qui nous attend s’inscrit ainsi dans un monde trois fois plus grand, rempli d’activités et de quêtes à en donner le tournis. Première dans la série, il nous donne le choix de notre personnage : un homme ou une femme. Thomas Méreur revient d’ailleurs sur la polémique à l’origine de cette option quelque peu artificielle. Malheureusement, l’épisode, même s’il est un très bon A-RPG, diluera trop les principes de la série et divisera.
La série fait désormais face à un nouveau danger, celui de perdre son identité
Thomas Méreur, Les secrets d’assassin’s creed
Enfin le dernier opus de cette trilogie, Assassin’s Creed Valhalla tentera de revenir aux sources. Nous retrouverons ceux qu’on ne voit pas, les pré-assassins, avec notamment Bassim et notre fidèle lame secrète accompagnant les phases d’infiltration. Mais il reste encore marqué par la démesure initiée par Origins, l’histoire et les explications se diluent dans les trop nombreux chapitres du scénario. La sortie d’un nouveau type d’open-world, avec Zelda BOTW, a elle aussi rebattu les cartes. L’équipe doit proposer un terrain de jeu plus organique, invitant à l’exploration et à la découverte. Le jeu se dote ainsi d’un nouveau système de boussole, moins directe et de nombreuses quêtes et secrets à découvrir. Je vous invite d’ailleurs à lire l’incroyable récit d’une quête que réalise l’auteur dans son ouvrage on s’y croirait. À ce jour, il s’agit du dernier épisode sorti dans ce format.
Et ensuite ?
Cette trilogie a bien connu une suite avec Assassin’s Creed Mirage. L’épisode réalisé par Ubisoft Bordeaux et pensé comme un DLC de Valhalla va devenir au fil des discussions un véritable stand alone. Il se présente comme un retour aux sources et nous emmène à Bagdad, dans la peau du maître assassin Bassim, découvrir les enseignements et les traditions de ceux qu’on ne voit pas. L’épisode multiplie en effet les clins d’œil au premier jeu et réintroduit le parkour qui nous avait tant manqué. Le succès est au rendez-vous, preuve qu’il n’est pas nécessaire d’offrir aux fans un grand a-rpg qui s’étend sur des centaines d’heures.
Ce mois d’octobre aurait dû voir arriver le dernier opus principale en date : Shadows. Malheureusement, il est retardé et nous ne visiterons le Japon qu’au mois de février. Reste à espérer que ce dernier soit à la hauteur de cette licence à la narration remarquable.
Mon avis
Nous joueurs avons tous nos propres souvenirs de la licence. Mais malgré nos aventures, avons-nous saisi l’ensemble de ce qui se jouait devant nous ? Avons nous réalisé à quel point ces terrains de jeux étaient de véritables pièces d’orfèvreries ? Je ne pense pas. Thomas Méreur nous offre, dans son ouvrage, chapitre après chapitre, un tour dans les coulisses des studios d’Ubisoft Montréal et Québec.
Tel un guide dans un musée ses mots accompagnes notre découvertes des rouages de chaque Assasin’s Creed. On y découvre pour chaque jeu les choix opérés pour le scénario, l’époque mais aussi ce qui fait le sel de chaque opus et bien entendu l’accueil que lui a réservé le publique. Il revient, parfois avec humour, sans longueur, et simplicité sur les différents systèmes mis en place dans les jeux. Au fur et à mesure de ses explications on se remémore nos différentes pérégrinations. On saisi alors mieux ce qui s’est déroulé sous nos yeux. Ou parfois on se rend simplement compte qu’on est totalement passé à côté de certains éléments. Si vous pensiez que le titre révolution était là pour parler uniquement d’Assassin creed Unity, vous vous trompiez. La révolution, vous allez la vivre dans l’intégralité de cet ouvrage au fur et à mesure de votre découverte des mutations qui ont affecté la série au fil des années.
Enfin tout au long de votre lecture vous découvrirez les personnes de l’« équipe multiculturelle aux croyances plurielles ». Thomas Méreur laisse en effet souvent la parole aux créateurs grâce à son incroyable travail de recherche, ses multiples interviews et discussions avec les différents acteurs. Il n’hésite pas non plus à revenir sur les différentes polémiques qui ont impacté les équipes. On peut dire que vous allez vivre un véritable voyage en immersion.
En bref, ce deuxième tome est encore un must-have pour tout fan d’assassin creed qui souhaite découvrir les coulisses de la série et comprendre enfin l’ensemble des rouages. Je ne peux que le recommander.
- Les secrets d’assassin’s creed De 2014 à 2023 : Révolutions
- Thomas Méreur
- 10/10/2024
- Third Editions
- 24.90e