C’est ce vendredi 25 avril 2025 que sort le deuxième cycle de la saga The Nice House. Le premier cycle : The Nice House on the Lake, récompensé par de nombreux prix, nous avait présenté un thriller haletant. Qu’en est-il de cette suite tant attendue ? La réponse dans cet avis sur The Nice House by the Sea.
« Avis réalisé à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur que nous remercions »
Ils ne se connaissent pas
Dix personnes réunies dans une maison en bord de mer, dix convives qui excellent dans leur domaine de prédilection et incarnent l’excellence personnifiée : médecin, acteur, sénateur… Ils ont tous répondu à l’appel de Max, qui leur a promis d’échapper à la fin du monde et de vivre éternellement. Une seule condition : tout abandonner et laisser derrière soi. Ils ne se connaissent pas, mais pourtant, ils représentent l’avenir de l’humanité.
The Nice house by the Sea : Avis & Critique
The Nice House by the Sea s’inscrit dans la continuité de The Nice House on the Lake. Ce premier tome en est la suite directe et nous présente dix nouveaux convives de nos hôtes bien particuliers. L’histoire mêle survie à la fin du monde, science fiction et introspection plongeant les personnages dans une situation extrême où chaque choix et relation sont mis à l’épreuve.

Un véritable tissus relationnel
Le moins que je puisse dire, c’est que le scénario écrit par James Tynion IV m’impressionne. Il a élaboré un tel enchevêtrement de relations entre les personnages qu’il en est presque tentant de réaliser un tableau à fil rouge afin de les avoir bien en tête. Elles se dévoilent au fil des pages et nourrissent le récit. Nous, lecteurs, naviguons ainsi dans ces liens étroits, parfois toxiques, entre les différents personnages. Ils se conjuguent à la fois au passé, au présent, mais aussi au futur, et nécessitent une attention particulière si l’on veut reconstituer l’intégralité du puzzle. C’est tellement passionnant qu’on en oublierait la fin du monde, et le récit de science-fiction devient presque secondaire.

The Nice House by the Sea vient compléter ce puzzle en y apportant bon nombre de pièces. On découvrira par exemple pourquoi Walter, au centre de l’attention, a décidé de suivre ses études loin du groupe. Autant vous dire qu’il est vivement conseillé d’avoir bien en tête le premier cycle ou d’en avoir fait une relecture rapide. Ce qui nous amène à nous questionner sur la nature des liens que nous entretenons avec les autres, de nos décisions et leur impact. Même si, pour les protagonistes, tout cela est parfois biaisé. Walter et Max ayant la mauvaise manie de jouer avec la mémoire de certains de leurs amis.
Explorer le libre arbitre
La question du libre arbitre était déjà au cœur du récit de The Nice House on the Lake. Celui-ci la reprend et la transforme pour nous offrir une autre vision. Walter, de par ses manigances et la culture du secret, avait caché la vérité à ses invités. Il agissait tel un dieu bienveillant qui guide ses fidèles en coulisse, tentant de leur imposer sa volonté. Ses amis n’avaient donc aucun libre arbitre, tels des prisonniers. Chaque tentative de rébellion se voyait noyée dans l’œuf par un effacement de mémoire. Difficile alors d’accepter son destin, privé ainsi de liberté.
Deux visions diamétralement opposées
Max, quant à elle, laisse un véritable choix à ceux qu’elle a sélectionnés. Ils connaissent la vérité sur la fin du monde et leur nouvelle condition de participant à une expérience. Ils semblent ainsi s’être engagés de leur plein gré dans l’aventure, résignés à tout faire pour survivre. On constate qu’ils adhèrent plus facilement au projet et n’opposent presque aucun résistance à Max, du moins dans une certaine mesure. The Nice House by the Sea oppose alors fatalisme, choix éclairé et nécessité de libre arbitre.
Deux faces d’une même pièce
The Nice House on the Lake et The Nice House by the Sea se révèlent alors comme les deux faces d’une même pièce. Diamétralement opposée dans les idées, cette suite propose une autre vision. Tout oppose les deux maisons, tout comme Walter et Max. Dans le premier, les sentiments prédominent et les liens qui unissent les protagonistes sont importants. Tandis que dans le second, tout est plus artificiel, calculé et mesuré. Chaque personne est prête à tout pour dominer l’autre et survivre. Ils représentent, à leurs yeux, l’élite et un ensemble de connaissances qui va au delà de la personne. Leur désignation comme « Le médecin » prend alors tout son sens. Se pose cependant la question du mérite social : pourquoi méritent-ils plus leur place que d’autres ?

Leurs motivations sont aussi différentes. Le premier récit reposait sur le secret tandis que le second passe à la vitesse supérieure. Après tout, à quoi bon recommencer ? Nous, lecteurs, sommes déjà au courant de ce qui se trame. C’est ainsi une bonne manière de prolonger l’histoire sans longueur. Cependant, on sent rapidement qu’une sorte de Hunger Games ne va pas tarder à débuter. Le nouveau moteur de l’histoire devient alors la nécessité de survivre à l’autre, entretenant ainsi une tension permanente.
Horreur graphique et souvenir
L’intrigue et la tension du récit sont, qui plus est, soutenues tout du long par le style employé par Martinez Alvaro Bueno. L’effet de peinture numérique au contour flou nous plonge dans une réalité proche du souvenir, de l’onirique. On s’attarde alors sur chaque détail, chaque gros plan afin de ne rien manquer.


Enfin, il n’hésite pas à illustrer l’horreur pure du comportement humain. Le traitement réservé à Oliver m’a profondément marqué, tout comme les gueules cassées qu’on aperçoit dans les instants futurs, qui, on peut le supposer, sont le résultat d’affrontements.
Conclusion
The Nice House by the Sea se présente comme un excellent prolongement du premier cycle. Loins de n’être qu’une simple suite. Il permet de compléter habilement le puzzle de l’intrigue précédente tout en proposant une nouvelle perspective sur des questions précédemment abordées. L’introduction d’une nouvelle dynamique permet de maintenir la tension qui reste palpable. Il est évidant que le scénario n’a pas fini de nous surprendre ! Graphiquement intéressant, un brin dérangeant. La suite s’annonce mouvementée, particulièrement après les révélations de cette fin de premier tome.
- The Nice house by the Sea Tome 1
- 25/04/2025
- Urban comics
- 25€