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Avis manga – Inexistents, laisser une trace de notre passage

Temps de lecture : 3 minutes

C’est ce mercredi 21 mai 2025 que sort le one-shot Inexistents chez Glénat. Fruit de la collaboration entre la dessinatrice Takeliongawa, dont c’est la première œuvre, et le scénariste Miki Makasu (Double.Me, Hell Box). Qu’a-t-on pensé de notre plongée dans la vie de mangaka ? La réponse dans cet avis sur Inexistents.

« Avis réalisé à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur que nous remercions »

Écrire pour exister

Tsugumi est une jeune autrice taïwanaise qui connaît un franc succès grâce à son manga « Demon Smile ». Il raconte les aventures d’un héros qui ne peut pas rire. Malheureusement, l’univers a commis une erreur et elle n’aurait jamais dû exister : c’est une inexistante. Sof, le démon chargé d’effacer toute trace de son passage sur Terre, va cependant en décider autrement. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est fan du manga qu’elle écrit et qu’il souhaite connaître la fin. Mangaka et créature doivent ainsi collaborer s’ils veulent obtenir une fin heureuse. Parviendront-ils à contrarier les plans de l’univers ?

Inexistents : Avis & Critique

Je dois avouer qu’Inexistents aura eu le mérite de me faire réfléchir et philosopher. L’œuvre est profonde, et chaque message que le manga tente de nous faire passer se développe petit à petit au fil des pages que l’on tourne. Bien entendu, l’histoire étant centrée sur une mangaka, on prendra le temps de découvrir cet univers créatif : ses contraintes, ses rouages, le quotidien d’un auteur… jusque dans le processus créatif, grâce à une brillante mise en abîme qui nous présente les croquis de « Demon Smile » au travers des pages.

Cependant, avec ce métier, l’auteur cherche principalement à nous montrer que le mangaka, trop souvent, n’existe qu’à travers son œuvre. C’est le cas de Tsugumi, dont personne ne connaît la véritable identité. Elle signe ses dessins de son pseudonyme « pomme rouge ». C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’interroger : combien de mangakas dont je connais le parcours ? Si j’en croisais un, est-ce que je le reconnaîtrais ? Pas sûr ! La drôle de relation qu’elle entretient avec Sof le confirme. Après tout, ce dernier n’accepte de la laisser vivre que pour connaître la suite de Demon Smile. La personne qu’elle représente lui importe peu.

La réflexion va même encore plus loin lorsque, à l’heure de sa mort, Tsugumi fait le bilan de sa vie, du temps passé avec sa famille, de ses relations… On se rend alors compte du sacrifice qu’elle a effectué pour que son manga devienne un succès, jusqu’à devenir inexistante. Un artiste, un humain face à la mort et à ce qu’il laisse derrière lui. Jusqu’au dénouement, fataliste, l’auteur lui accordera cette place. L’ambiance est d’ailleurs sombre, relevée par un graphisme aux décors très détaillés, aux expressions des visages qui retranscrivent parfaitement les émotions. Mais surtout marquée par des apparitions de Sof, un brin chargées, oppressantes et dérangeantes. Je dois vous avouer qu’il me fait peur. C’est le signe que ce démon mortuaire est réalisé à merveille.

En bref, loin d’un simple divertissement, Inexistents est un manga qui attire l’attention du lecteur sur la vie de mangaka, parfois invisible, mais aussi sur l’importance de profiter de sa vie. C’est brillant, et ça revient sur des faits que l’on retrouve souvent dans les interviews, comme celle d’Akira Toriyama.


  • Inexistents
  • 21/05/2025
  • Glénat
  • 10€95