Ce mercredi 7 mai 2025 sort chez l’éditeur Ki-oon le premier tome de l’anneau de Gygès. Ce manga propose une relecture moderne du mythe du même nom conté par Platon. L’auteur Takahiro Katto parvient-il à s’approprier le mythe pour nous proposer un récit intéressant ? La réponse dans cet avis sur le tome 1 de l’anneau de Gygès.
« Avis réalisé à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur »
Invisible ou rendre invisible ?
Takeru, un mangaka autrefois reconnu, cherche l’inspiration avec son assistant en pleine campagne, dans les ruines d’un vieux sanctuaire. Une vieille légende raconte que ceux qui y prient disparaissent. Déçu par sa visite et ne croyant pas au mythe, ce dernier prie pour que son éditeur, qui lui mène la vie dure, disparaisse.
Malheureusement pour lui, les choses ne vont pas se passer comme prévu. Lors d’un rendez-vous avec son éditeur qui se passe mal, il obtient la capacité de rendre ce qu’il touche invisible. À bout de nerfs, il l’assassine et camoufle son crime à l’aide de sa nouvelle capacité. Lui qui, autrefois, dessinait des super-héros, serait-il devenu un criminel ?
L’anneau de Gysès : Avis & critique
L’édition de manga comme toile de fond
L’auteur, Takahiro Kato, décide d’inscrire son histoire dans le milieu de l’édition du manga. Bien entendu, il est difficile de ne pas y voir une critique subtile. Il nous y présente une profession concurrentielle, remplie de personnes imbuvables : du mangaka à l’éditeur. Je dois avouer que l’auteur a le chic pour nous faire détester ces antagonistes. Ils sont mesquins, égoïstes, manipulateurs, corrompus et parfois même la méchanceté incarnée. Difficile, face à de tels personnages, de ne pas se sentir oppressé, limite agressé, et de ne pas perdre son calme.
Deux visions personnifiées
C’est là qu’est le génie de L’anneau de Gygès. Il met en scène deux protagonistes qui évoluent dans ce monde : un mangaka et son assistant. Du jour au lendemain, ils se retrouvent tous deux capables, pour le premier, de rendre les choses invisibles, et pour l’autre, de devenir invisible. Deux personnes qui n’ont alors plus à assumer les conséquences de leurs actes. Si l’un va choisir de faire le bien, incarnant une vision optimiste selon Platon. L’autre, incarnant la vision pessimiste, va laisser parler ses pulsions et s’adonner au meurtre. Le récit, bien que lent à s’installer, s’accélère et devient alors plus intéressant. La tension est palpable, et à chaque instant le tueur peut se faire démasquer. L’auteur en joue pour notre plus grand plaisir. On est captivé, accroché aux pages.
Bien plus qu’une simple histoire de meurtre, le récit est aussi introspectif. On découvre les pensées profondes des personnages ainsi que les changements qui s’opèrent en eux, induit par leur nouvelle impunité. Jusqu’à nous en questionner nous-mêmes. Les situations présentées ne sont en effet pas vraiment manichéennes et les personnages sont parfois détestables : qu’aurions nous fait à leur place ? Ces observations sont renforcées par le joli coup de crayon de l’auteur qui contribue à installer l’ambiance. Les décors sont intéressants, mais surtout les visages des personnages, très expressifs. On y lit tout l’arc-en-ciel des émotions, particulièrement lors des gros plans. Enfin, il joue avec l’ombre et la lumière pour illustrer la dualité omniprésente entre ses deux personnages.
En bref, malgré un début assez lent, L’anneau de Gygès se révèle être une fabuleuse réinterprétation du mythe de Platon. Il nous raconte l’histoire de deux protagonistes personnifiant chacun une conséquence de l’impunité. Le dessin de l’auteur jouer un rôle essentiel dans l’ambiance et la tension de ce récit introspectif nous incitant à nous interroger. J’ai hâte de découvrir jusqu’où ira chaque protagoniste dans le prochain volume qui j’espère confortera mon avis sur L’anneau de Gygès.
- L’anneau de Gysès tome 1
- 07/05/2025
- KI-OON
- 7€95