C’est ce 13 février 2025 que sort La légende Xenoblade, écrit par Jérémie Priam qui signe son premier livre avec l’éditeur Third Editions. Cet ouvrage qui revient sur la success story du studio Monolith Software et de son emblématique créateur Tetsuya Takahashi nous promet de revenir sur les riches et complexes histoires des jeux Xenoblade. Gameplay ? Lien entre les opus ? Philosophie et messages cachés ? Tout y est passé en revue dans cet ouvrage qui se veut exhaustif et que nous vous présenterons dans cette chronique.
Qu’avons nous pensé de cette lecture qui nous a emmené aux tréfonds de ces univers ? La réponse dans cette critique.
« Article réalisé à l’aide d’un exemplaire de la version normale fourni par l’éditeur que nous remercions. »
L’ouvrage
Le livre est disponible comme bien souvent avec Third Editions en 3 versions :
Pour réaliser cette chronique, nous avons bénéficié de la version normale. Elle possède une superbe couverture rigide, noire et des motifs en surimpression qui rappelleront la licence. Particulièrement les épées, emblématiques des 3 opus principaux de la licence Xenoblade.


À l’intérieur, un sommaire qui partage les plus de 300 pages de cet ouvrage en 4 grandes parties et 11 chapitres. On apercevra rapidement à chaque fin de chapitre quelques glyphes qui nous rappelleront les différents opus de la série. Particulièrement Xenoblade 3 et l’ouroboros. Fait intéressant, l’auteur a pris grand soin de séparer chaque chapitre en « idée » marqué par un sous-titre. Cela rend la lecture bien plus confortable.

En route vers le succès
C’est après avoir évoqué l’écran titre du premier Xenoblade dont la poésie et la bande son font encore écho dans notre cœur de joueur que Jérémie Priam nous présente Tetsuya Takahashi. Ce perfectionniste passionné de robot et de science fiction était bien loin de se douter qu’après avoir fait ses armes chez Square ( Final Fantasy IV, V, VI). Il deviendrait par la suite co-fondateur de Monolith et y occuperait le poste de directeur, scénariste et game designer sur des projets d’envergure comme Xenoblade. Une place de choix pour un auteur qui juge le jeu vidéo comme le média idéal pour y partager ses idées.
Un studio qui renaît de ses cendres
Malgré leur statut de jeux cultes et influent auprès des fans de J-RPG, les premiers titres réalisés par Tetsuya Takahashi, Xenogear ( Square ) et Xenosaga ( Monolith), n’en demeurent pas moins des échecs commerciaux. Les derniers promettent même un sombre avenir au studio de développement. En 2009, l’acquisition du studio par Nintendo va cependant tout changer. Il s’établit alors une véritable relation éditeur / auteur entre les deux entités. La firme au célèbre plombier s’occupant ainsi d’introduire de nouvelles méthodes de travail et d’influencer le studio quand cela est nécessaire. S’ouvre alors une voie vers la success story que nous connaissons actuellement avec des jeux dépassant les millions d’unités vendues ( Xenoblade 2 & 3 ).
C’est avec plaisir que nous suivons l’histoire d’un studio qui renaît de ses cendres grâce aux écrits de Jérémie Priam, dans lesquels s’entremêlent habilement les mots des créateurs extraits des nombreuses interviews collectées pour l’occasion. Ce dernier nous offre une véritable immersion dans les équipes de développement. Au fil des pages, on découvre ainsi l’évolution de leur méthode de travail inspirée par Nintendo et son esprit créatif. Mais aussi celle d’un réalisateur Tetsuya Takahashi plus enclin à la concession pour le bien de son œuvre. Pour le joueur et le développeur que je suis ce fut un véritable régal de pouvoir découvrir l’envers du décor et ce qui a motivé les choix des équipes. Le tout est abordé de manière exhaustive, parfois technique mais parfaitement accessible grâce aux nombreuses notes de bas de pages. Enfin, cette première partie nous permet d’apprécier, chiffre à la clé, la progression d’un studio qui ambitionnait de devenir le « Bethesda du J-RPG ». Monolith apparaît ainsi comme une entité en perpétuelle quête de la formule parfaite pour le J-RPG de demain.
À la recherche de la formule ultime
Rome ne s’est pas faite en un jour. Cette formulation est encore plus vrai pour la construction des épisodes successifs de Xenoblade et ce qu’elle deviendra avec l’ultime épisode : Xenoblade 3. L’ambition première de la licence est de se démarquer du J-RPG classique. On peut dire que le pari est réussi. Elle propose en effet un gameplay de plus en plus dynamique et technique au fil des opus. Mais aussi un univers qui invite à l’exploration grâce à un level design immersif. Il guide le joueur par de nombreux moyens et un réel intérêt pour cette exploration. Monolith apparaît ainsi comme un studio à l’écoute des joueurs et soucieux d’être dans l’ère du temps ( mode facile, réduction de la frustration, défis adaptés, options d’ergonomie… ). Plus précisément un artisan du jeu vidéo qui raffine petit à petit son produit.
C’est ainsi qu’on découvre au fil des pages du chapitre 4 de La légende Xenoblade les différents composants des opus de la licence. Jérémie Priam revient méticuleusement sur ce qu’apporte chaque jeu à la formule de Monolith. Ainsi que chaque système mis en place pour fournir au joueur une expérience vidéoludique confortable. Il y dépeint les évolutions, les choix et les virages opérés pour atteindre l’œuvre ultime que représente Xenoblade 3. Malheureusement, même s’il est intéressant, j’ai trouvé ce chapitre laborieux tant certaines parties font office de liste d’éléments mises bout à bout. De plus on n’y trouvera trop de redite et de répétition qui finissent par inévitablement lasser le lecteur, à plus forte raison si vous n’avez jamais joué à tous les opus. Ce qui est mon cas avec Xenoblade X dont je ne connais ni l’histoire ni les mécaniques.
Des récits intimement liés
Même si le gameplay est au cœur du jeu vidéo et de la licence Xenoblade. Un RPG et plus particulièrement un J-RPG ne serait rien sans une bonne histoire. Les jeux de Monolith nous invitent à découvrir de véritables contes philosophiques modernes dont les intrigues s’entremêlent subtilement et sont inspirées des mangas de type shonen. Le joueur y incarne un protagoniste ( Skulk, Rex, Noha ) qu’il va suivre dans son parcours initiatique. À la manière dont on suit les aventures de San Goku dans Dragon Ball ( voir Akira Toriyama ). Cependant, la lecture de la saga Xenoblade reste profonde et remplie de références ésotériques et philosophiques chères à son réalisateur Tetsuya Takahashi ( rapport à l’autre, à la technologie, l’amour, la transmission… ). Il est ainsi difficile d’en saisir toutes les subtilités au premier abord.
En cela, l’ouvrage de Jérémie Priam est une véritable merveille. L’auteur prend en effet le soin de nous résumer de manière intelligible chaque histoire dans l’ordre chronologique des événements. Cela permet une parfaite compréhension de l’intrigue et des enjeux qui ne se dévoilent souvent que tardivement dans Xenoblade. Il prend également le temps de relier les jeux entre eux en mettant en évidence point par point les liens qui les unissent. C’est un passage agréable à lire et bien construit qui permettra à chaque joueur de comprendre l’histoire de ce riche univers développé durant plus de 10 ans. L’auteur se livre ensuite à l’exercice périlleux d’expliquer la philosophie sous-jacente à chaque épisode. Si un néophyte en comprend les grandes lignes. Je dois avouer que, même en étant familier avec ce genre de concepts, j’ai dû m’y reprendre à plusieurs reprises. J’aurais aimé que l’auteur fasse preuve de plus de vulgarisation et de synthèse afin de rendre la lecture moins compliquée et plus fluide.
Mon avis
Jérémie Priam reprend la formule typique d’un ouvrage Third Éditions : Genèse, Univers, Décryptage, pour son premier livre. Je dois avouer que j’attendais cet ouvrage avec beaucoup d’impatience, tant l’œuvre de Tetsuya Takahashi est dense. Si je ressors conquis de mon immersion au sein des équipes de développement et de la nouvelle compréhension de l’histoire que m’a apportée l’ouvrage. Je suis plus mitigé quant à l’explication des concepts philosophiques et de l’évolution des jeux. La faute à trop de redites, un effet liste parfois trop présent et à certains passages où les notions abordées sont difficiles à appréhender. Il aurait peut-être été intéressant de faire preuve de synthèse et de vulgariser davantage certains concepts, au risque de perdre en profondeur. Cela reste cependant un ouvrage complet, aussi bien pour les fans de la licence que pour ceux qui souhaitent la découvrir. Attention cependant : ces derniers risquent d’être parfois perdus, car certains passages demandent d’avoir parcouru les jeux pour en saisir pleinement les propos.

- La légende Xenoblade
- Jérémie Priam
- 12/02/2024
- Third éditons
- 29.90€