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Lecture Geek – « L’œuvre de Suda51 » plus qu’une biographie

  • Pampa Poulpe 
Temps de lecture : 6 minutes

Disponible ce jeudi 13 mars 2025 chez Third Editions ( nous vous l’avions annoncé ), L’oeuvre de Suda51, nous présente un créateur à l’identité marquée et à l’originalité qui ne fera pas débat. Qu’est ce qu’on a pensé de notre lecture ? La réponse dans cet critique de L’oeuvre de Suda51 d’Antony Fournier.

Un coup d’œil sur l’ouvrage.

  • Un livre de d’Anthony Fournier
  • Avec la participation de Suda51 et des membres de Grasshopper Manufacture Inc.
  • Couverture de Kojiro Kondo 
  • Édité par ThirD éditions 
  • Disponible dès le 13 Mars 2025
    • Une version normale : 29.99e
    • Une version First Print : 34.90e
    • Une version numérique : 11.99e

Comme toujours chez ThirD éditions : La couverture est superbe et attire toute l’attention. Des couleurs aux polices de caractères choisies, le tout donne aussitôt une féroce envie de se le procurer. Et ça même quand le sujet nous est inconnu, simplement parce que le livre est superbe. C’est aussi le cas pour ce superbe volume sur la vie et les créations de Goichi Kobayashi disponible en ce 13 Mars ! Regardez moi ça cette couverture !

Mais ce n’est pas là, son intérêt premier, heureusement ! Découpé en deux grandes parties : « Création & Décryptage » s’étirant sur presque 300 pages, Anthony Fournier nous présente à la loupe les détails de la vie de Suda51, aka Goichi Kobayashi.

Un personnage haut en couleurs.

Dans l’univers du jeu vidéo, peu de créateurs ont une identité aussi marquée que Goichi Suda, plus connu sous le pseudo de Suda51. Fondateur du studio Grasshopper Manufacture, il est à l’origine de jeux aussi déroutants qu’innovants. Mêlant esthétique punk, narration éclatée et gameplay souvent expérimental qui ne laisse jamais indifférent dans le bon comme dans le mauvais sens.

De Killer7 à No More Heroes, en passant par Lollipop Chainsaw et le génial Shadows of the Damned (dispo en remaster depuis Octobre pour les intéressés !) Suda51 s’est imposé comme un artiste à part dans le paysage vidéoludique.

« En commençant sa carrière chez Human Entertainment, il s’acoquinait déjà dès le départ avec certains noms souvent trop oubliés et pourtant essentiels du jeu vidéo, tels Hifumi Kono (Clock Tower) et Masato Masuda (Fire Pro Wrestling). D’autres comme Yoshiro Kimura (Little King’s Story), Kazutoshi Iida (Aquanaut’s Holiday) et Yasuhiro Wada (Harvest Moon) finiront par travailler avec lui. Shinji mikami (Resident Evil) et le compositeur Akira Yamaoka (Silent Hill) le rejoindront à plus ou moins long terme. » L’œuvre de Suda51.

Avec : L’Oeuvre de Suda51 – Punk! suplex et ]jeu vidéo[ découvrez pourquoi et comment le jeu vidéo devient œuvre d’art entre les mains d’un homme pas comme les autres.

Into the SudaVerse.

De Goichi Kobayashi à Suda51

Il est difficile de parler du livre sans en divulguer le contenu. Cependant ce n’est pas simplement une « banale » biographie mais véritablement un portrait dressé d’un drôle d’artiste.

Dans la partie I, on y trouve les rêves d’un enfant qui découvre Star Wars et de bornes d’arcades. D’un ado devenu passionné par le catch suite à un combat bien connu (Tiger Mask et Dynamite Kid). Les doutes d’un jeune homme qui abandonne l’enfance pour la dure réalité de la vie en débarquant à Tokyo sans l’ombre d’un sous en poche. L’ennui pèse et les années passent pour finalement trouver un mentor dans un domaine bien loin du jeu vidéo ! Mais c’est pourtant le début de quelque chose. Suda51 n’est pas encore celui que nous connaissons mais le train est en marche avec Human Entertainment.

C’est justement après quelques années chez Human Entertainment, que l’on découvre un Goichi Suda qui ressent le besoin de créer en toute liberté. En 1998, il fonde son propre studio, Grasshopper Manufacture. Il a pour ambition de produire des jeux à son image : décalés, audacieux et artistiquement engagés. C’est à ce moment-là que « Goichi Suda » devient véritablement « Suda51 ».

Le choix de ce pseudonyme n’est pas anodin :

  • Go (五) signifie cinq en japonais,
  • Ichi (一) signifie un
  • Goichi devient donc « 51 » d’où le surnom « Suda51 »

Et c’est très souvent sous ce nom que nous le découvrons aux travers des pages réalisateur, scénariste, producteur exécutif ! J’ai moi même découvert avec étonnement qu’il avait participé aux développements de bien des jeux de ma bibliothèque !

Kill The Past

Plonger dans l’esprit de l’artiste

Dans la Partie II en revanche nous apprenons pas à pas le schéma derrière les thématiques qui imprègnent les œuvres de ce drôle de créateur. Sur ses influences, sur les symboliques et idées issues de domaines tels que les croyances et le folklore. Après avoir suivi la vie mouvementée de Suda51, Anthony Fournier nous donne une vision d’ensemble sur son esprit génial passant d’un extrême à un autre. « Plutôt que de tout décortiquer, il va davantage s’agir d’expliquer la nature et le sens que ces jeux peuvent revêtir; comprendre la manière dont Suda entend créer des récits percutants, qui cherchent à bouleverser les habitudes du joueur tant sur le plan ludique que sur la direction artistique, plutôt qu’un vaste univers entremêlé de mille et une références. » L’œuvre de Suda51

Punk & Rock mais pas que…

Tout est dans le titre mais pas que ! Oui, le punk et le rock indépendant jouent un rôle clé dans ses œuvres. Il a souvent cité The Smiths comme un de ses groupes préférés (au point de nommer son studio Grasshopper Manufacture d’après une chanson du groupe (« Panic »). L’attitude rebelle et provocatrice du punk se reflète dans ses jeux aussi ! (No More Heroes, Travis Touchdown, un héros anti-conformiste dans un univers mega violent et absurde ? Personne ?) Oui Suda51 est un immense fan de catch et de lucha libre. C’est très très visible dans le style de combat de ses jeux et dans la mise en scène exagérée de ses personnages MAIS : Ici on apprend que Suda est un grand fan de films et de séries, notamment ceux de David Lynch et de Quentin Tarantino ! Est ce une surprise quand on retrouve dans ses œuvres des dialogues surréalistes et des personnages étranges et charismatiques ? Killer7 et The Silver Case sont des exemples parfaits de cette influence lynchienne, avec leurs ambiances cryptiques et leur mise en scène décalée !

Mon avis

Pour les curieux comme moi, ou les fans de ce grand monsieur, l’œuvre que signe Anthony Fournier est une belle acquisition comme un beau cadeau à offrir. Le livre est beau, la plume accessible. Je l’ai trouvé parfois un peu lourd dans sa façon d’enchaîner les événements de la vie de Suda. Mais les nombreuses pages « décorées » viennent très facilement alléger ce sentiment.

« L’œuvre de Suda51 » nous offre un nouveau point de vue et une compréhension différente sur les jeux vidéos portant la marque Grasshopper Manufacture. Finalement qu’on adore ou qu’on déteste son style, une chose est sûre : Suda51 est un créateur qui ne ressemble à aucun autre, et ses jeux ne laissent jamais indifférent.