Test – Botany Manor, un jeu d’énigmes engagés

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Sorti le 28 janvier 2025 sur PlayStation 5, et l’année dernière sur Xbox Series ainsi que dans le Game Pass, Botany Manor, le titre de Balloon Studios, nous plonge dans la vie d’Arabella Greene, une botaniste. Alliant ingénieusement puzzles et énigmes, ce point & click, très différent de la formule classique d’un Black Sad, met également en lumière la condition des femmes de science à l’époque victorienne. Que vaut vraiment cette aventure ? Découvrez notre avis dans ce test.

Jardinage et ingéniosité.

Développé par Balloon Studios dont c’est la toute première production. Botany Manor est un jeu de puzzle/énigme interactif qui nous permet de découvrir la vie de Arabella Greene. Une botaniste retraitée mais toujours passionné et en pleine écriture de son livre « Flore Oubliée ». 

Pour ce faire, nous allons explorer les terre de son manoir typiquement anglais en 1890, tout en cherchant à cultiver des spécimens de plantes rares afin de mener à bien notre mission ! Une base tout à fait charmante pour se relaxer en ce mois de février glacé. 

Loin des puzzles classiques basés sur la logique pure ou la physique. Le jeu mise sur une expérience contemplative et immersive taquinant autant l’observation que la curiosité. Et vous savez quoi ? Ça a parfaitement fonctionné chez moi. 

Le gameplay repose sur une boucle simple mais efficace :

— Explorer les pièces du manoir pour collecter des documents, des illustrations et d’autres indices.

— Déterminer les besoins de chaque plante (lumière, humidité, température, type de sol, etc.).

— Recréer avec les outils et éléments à votre disposition, l’environnement idéal.

— Observer la plante grandir et découvrir son histoire.

Chaque énigme pousse le joueur à observer son environnement avec attention, à faire des liens logiques entre différents indices sans que cela n’en devienne agaçant. Parce que oui, contrairement à d’autres jeux de réflexion plus punitifs, Botany Manor favorise un rythme calme et une approche sans stress. Il n’y a ni chronomètre, ni pénalité en cas d’erreur. Cela peut en décourager certains. Mais j’ai trouvé que c’était vraiment très relaxant de cette façon.

Une direction artistique sublime.

À mon sens, l’un des gros points forts de Botany Manor est sa magnifique direction artistique. Le manoir et ses jardins sont baignés d’une lumière douce et chaleureuse. Ses couleurs pastel et ses textures soignées donnent l’impression d’évoluer dans un tableau vivant. Même en dehors des énigmes j’ai pris un immense plaisir à me promener tranquillement ici et là… Je suis de celles qui passe des heures à admirer un décor avant même de tenter quoi que ce soit et ici, j’ai adoré ces moments.

Allant de paire avec la DA, le design des plantes est particulièrement réussi : elles sont inspirées de vraies espèces botaniques, avec des touches fantastiques qui les rendent uniques et fascinantes. De quoi inspirer sans mal les plus rolistes d’entre nous. (J’ai personnellement eut très envie d’un petit retour dans les serres de Hogward Legacy pour me bichonner un joli décor rp après mon test !)

Les environnements sont variés, alternant entre des pièces luxueusement décorées, des serres pleines de vie, des jardins ensoleillés et des caves plus mystérieuses. Chaque zone du jeu a sa propre ambiance. Ce qui donne envie d’explorer chaque recoin du manoir avec minutie. Un vrai bonheur qui a sensiblement rallongé mon temps de jeu.

La mélodie du bonheur.

La musique et le design sonore ont grandement participé à mon immersion dans l’univers d’Arabella. La bande-son est douce et reposante, avec des morceaux de piano et des nappes orchestrales légères qui accompagnent parfaitement l’exploration. Les bruitages sont également travaillés avec soin : on entend le vent souffler doucement dans le jardin, les oiseaux chanter au loin, le craquement du parquet sous nos pas… Tous ces détails qui manquent cruellement dans beaucoup de mes jeux récents ! Ils renforcent le sentiment de tranquillité que j’ai savouré comme une balade reposante dans un petit cocon de quiétude.

La femme derrière les plantes.

Au delà des énigmes et de l’univers colorés qui monopolisent la majorité de l’expérience. L’intérêt de Botany Manor se dessine aussi dans les collectibles à lire n’ayant pas de lien avec les indices. Friande de chaque détail de lore qu’un jeu peut offrir. Je me suis laissée prendre au jeu des anecdotes sur la vie d’Arabella et de sa lutte contre le sexisme « ordinaire ». Malgré toute la beauté du jeu, il a un véritable malaise qui s’est instauré en moi pendant mon exploration. Une femme passionnée, clairement au sommet de son sujet qui en arrive à devoir se battre pour publier un livre simplement parce qu’elle est une femme…

Soyons un tantinet plus clair. L’un des thèmes sous-jacents du jeu est le sexisme dans le monde scientifique à l’époque victorienne. À travers des lettres, des documents et des indices disséminés dans le manoir, le joueur découvre qu’Arabella a dû surmonter de nombreux obstacles en raison de son genre. Comme beaucoup de femmes scientifiques de son époque, elle s’est heurtée au mépris et à l’exclusion d’institutions dominées par les hommes, ce qui l’a empêchée d’être pleinement reconnue pour ses recherches.

Le jeu met ainsi en lumière d’une façon discrète la réalité historique de nombreuses femmes scientifiques qui ont vu leurs découvertes minimisées, ignorées ou attribuées à leurs collègues masculins. En progressant mine de rien, le joueur aide Arabella à poursuivre son travail certes mais reconstitue aussi son histoire.

Le message du jeu est subtil mais puissant : il souligne à quel point les biais de genre ont freiné la reconnaissance des femmes dans les sciences et invite à une réflexion sur les inégalités qui persistent encore, malheureusement, aujourd’hui.