Disponible depuis le 29 Mars 2022 sur toutes les consoles et sur PC, IKAI est le premier jeu développé par le studio espagnol Endflame. (Depuis, le studio travaille sur son prochain titre « Instants », un jeu narratif de puzzles prévu sur Steam en 2025 ). Découvrons ensemble le test d’Ikai pour ce premier Spooky Friday, je vous invite à revenir prochainement pour d’autre moment d’effroi.

Sous les traits d’un jeu d’horreur psychologique à la première personne, retour sur une balade pas si paisible que ça, inspirée du folklore japonais.
Ikai : La prêtresse et les démons ?
Dans IKAI, nous incarnons Naoko, une jeune prêtresse isolée dans un sanctuaire de montagne.
Le quotidien de la jeune femme nous est esquissé en quelques traits dès les premières minutes : une vie tranquille auprès de son oncle et de sœur, au cœur d’un sanctuaire paisible. Mais tout bascule lorsque son oncle s’absente soudainement sans plus d’explications, des phénomènes surnaturels commencent à se produire. Un brin téméraire, Naoko décider d’aller laver son linge hors des murs du sanctuaire, juste avant la tombée de la nuit. Une escapade anodine en apparence… qui vire très vite au cauchemar. Après quelques détours en forêt, Naoko se retrouve bien malgré elle embarquée dans une affaire obscure, impliquant — rien que ça — l’ouverture d’une porte menant tout droit aux enfers. Rien de bien rassurant pour la demoiselle ?

Mais si vous trouvez cette transition un peu abrupte, rassurez-vous : c’est normal !
Le jeu enchaîne les événements sans réelle préparation, comme s’il avait hâte de vous plonger dans le vif du sujet.
L’intrigue file droit au but : des démons ont investi le sanctuaire, et c’est à vous — fraîchement sortie de votre lessive — de les exorciser.
Curieusement, Naoko ne semble pas franchement bouleversée par ce fil rouge… Elle accepte son nouveau rôle avec un calme plus flippant que le jeu en lui même, troquant le seau d’eau le pour le pinceau en quelques secondes.

Concrètement ça n’a rien de très original et pourtant ça fait toujours son petit effet. La solitude, la nuit, les bruits de pas dans le silence…


Le calme avant l’effroi.
Minimaliste au possible, IKAI mise sur l’immersion : pas d’armes, pas de HUD, pas de fuite possible. L’exploration à la première personne est lente, pesante. Le cœur du gameplay réside dans l’interaction avec l’environnement, la résolution d’énigmes simples (un peu trop quand même), et la création de talismans de protection à l’encre.


Pas de combat ici, seulement la peur et la fuite. Mais contrairement à d’autres walking simulators horrifiques, IKAI parvient à faire naître le stress dans la lenteur, dans l’attente. En effect, les talismans à l’encre sont à refaire à la main et très souvent, impossible de faire en une seule fois. Il faudra changer lentement de pièce et continuer à la lueur d’une bougie la où l’ombre ne rôde pas…


L’objectif n’est jamais vraiment donné clairement et c’est un -mini- monde ouvert qui s’offre au joueur entre les murs du domaine de l’oncle de Naoko, toujours abonné aux absents.


Références culturelles : une toile de fond riche qui donne sauve le reste ?
Si le jeu en lui même n’est pas fondamentalement intéressant. La lenteur du titre ainsi que son scénario peut développé peuvent clairement rebuter. Il sen est de même pour les personnages qui présentent peut de profondeur. Cependant Ikai puise abondamment dans la mythologie japonaise et c’est vraiment un bon point. On y retrouve :
- Des yōkai comme le Teke Teke, le Kuchisake–onna ou le Yamauba, remodelés pour l’occasion.
- Des calligraphies sacrées (« ofuda ») à tracer, tradition shintō qui sert à repousser les esprits.
- Une inspiration générale tirée du théâtre Nô. Lent, où le masque (parfois littéral ici) a une importance « terrifiante »
- Une atmosphère héritée de films cultes comme Onibaba, The Ring, ou Noroi.

Une fin tachée de larmes et de sang.
Testé sur PS5 à sa sortie puis de nouveau sur PS5Pro avant ces lignes, le jeu tourne de manière fluide, sans ralentissement. Le retour haptique de la DualSense ajoute toujours un petit plus : on ressent les pas sur le plancher (bon, pas vraiment besoin vu le boucan des bottes de biker de Naoko), les battements du cœur, et surtout les sursauts au moment où les créatures apparaissent.

IKAI est une proposition modeste mais sincère. C’est jeu d’horreur atypique où la peur ne se crie pas, mais se ressent. Enfin c’est ainsi que le jeu me semble pensé. Pas de surenchère, pas de fusils à pompe : juste vous, une prière, et une entité qui vous observe. L’idée sur le papier était séduisante, manette en main c’est autre chose.
D’une durée de vie de 2 heures, Ikai n’est pas vraiment marquant. Malgré tout, l’aventure peut intéresser les passionnés de paranormal asiatique ou simplement les accros aux jeux indépendants. Pour ma part, je suis toujours en quête d’un jeu atypique à essayer, on ne se refait pas.
Pour les autres passez votre chemin, Ikai n’invente et ne réinvente rien. On regrette vraiment le manque réel de travail sur le scénario —qui devient vraiment intéressant sur la fin— et sur cette pauvre Naoko. Au fil des « chapitres » on quitte le domaine horrifique pour découvrir une histoire pleine de tristesse.

C’est une balade obscure qui peut être amusante au début, terrifiante avant de devenir carrément dramatique selon votre sensiblement mais qui s’oublie facilement, dommage. Pour d’autres moments plus intenses je vous invite à vous tourner du côté de Karma dont nous avons récemment réalisé le test.
