J’ai souvent du mal à choisir un jeu vidéo, mais avec le temps j’ai défini quelques critères pour guider mes choix. Ainsi, quand on m’a proposé ce “nouveau” Shantae de WayForward Technologies, mon intérêt a été immédiat. Abandonné il y a vingt ans puis retravaillé, ce projet a été réédité le 19 août par Limited Run, il est disponible sur PlayStation 4, PlayStation 5 et Nintendo Switch. Entre nostalgie, fun et fraîcheur, ce Shantae Advance : Risky Revolution revisité avait tout pour me séduire durant ce test.
Test réalisé sur Nintendo Switch 1 à l’aide d’une clé numérique envoyée par l’éditeur, que nous remercions.
Un « nouveau » Shantae renversant
Comme tout bon platformer, l’histoire du jeu repose sur un antagoniste marquant. On retrouve donc la terrible Risky Boots, une pirate prête à tout pour plonger Sequin Land,dans le chaos pour s’emparer de ses richesses. Cette fois, elle a imaginé un plan machiavélique utilisant des engins sophistiqués et des mouvements similaires à des plaques tectoniques. Résultat : les mondes se sont décalés et sont devenus totalement instables.
Ainsi, le joueur explore des environnements bouleversés où les repères disparaissent. On croise par exemple des habitants gelés dans des zones volcaniques ou encore des égouts déplacés au beau milieu d’un palais royal autrefois éclatant. Dans ce contexte troublé apparaît Shantae, la demi-génie héroïne de la série. Grâce à ses pouvoirs magiques, elle devra rétablir l’ordre naturel.
Le jeu propose un gameplay d’action-plateforme en 2D horizontal. Comme dans un Wario Land, on navigue entre premier et second plan pour avancer, combattre et trouver son chemin. La progression s’articule autour de la quête de trois grands géoscientifiques. Chacun aide à comprendre les dérèglements du monde, leurs causes, et la localisation du repaire de Risky Boots pour mettre fin à ses ambitions.
Malgré une histoire volontairement simple, le récit se révèle engageant et presque métaphorique. On y perçoit un effet papillon où chaque action bouleverse l’équilibre global. Même pensé il y a vingt ans puis modernisé aujourd’hui, ce scénario conserve une pertinence étonnante et une vraie fraîcheur.
Un jeu en avance sur son temps
Même pensé il y a vingt ans, ce Shantae reste étonnamment novateur et surclasse encore aujourd’hui certains metroidvania récents comme Blasphemous ou Turbo Kid. Dès le départ, on découvre la ville de Sequin Land, qui sert de hub central. Elle structure la progression, permet d’identifier les personnages clés et regroupe des lieux essentiels, notamment la boutique.
Le système d’action est simple mais redoutablement efficace. Chaque ennemi vaincu rapporte de l’argent, utilisé pour améliorer les capacités de la demi-génie. On peut ainsi acheter des fioles de vie, des sorts puissants comme des boules de feu ou encore des orages magiques. Ces pouvoirs facilitent les combats mais consomment de la magie, qu’il faut gérer intelligemment grâce à des fioles récupérées ou achetées.
L’originalité du gameplay se ressent jusque dans les affrontements. De base, notre héroïne combat en frappant ses ennemis avec sa chevelure ! Ce choix, à la fois drôle et unique, apporte un rythme particulier aux batailles. L’aspect progression est bien calibré et incite à améliorer régulièrement son personnage.
Au-delà du hub, les niveaux s’ouvrent progressivement et invitent à revenir plus tard grâce aux nouveaux pouvoirs acquis. Contrairement à d’autres metroidvania labyrinthiques, on ne se perd jamais. L’absence de carte n’est pas un problème : chaque zone reste mémorable et bien cloisonnée. On avance ainsi avec plaisir, en enchaînant plateformes et secrets, ce qui renforce encore la fraîcheur du jeu. De plus, les pouvoirs inédits de Shantae apportent une profondeur supplémentaire de gameplay.
Womanimal
Un élément clé qui rend le soft unique reste son système de métamorphoses via une danse du ventre aussi charmante qu’iconique. Au fil de l’aventure, de nouvelles transformations viennent enrichir le gameplay. Le joueur débloque par exemple le singe, le crabe, ou encore l’oiseau, chacun apportant deux types de mécaniques supplémentaires. Ces six formes élargissent la palette de mouvements, que ce soit pour l’exploration ou le combat.
Chaque transformation possède une utilité précise. Par exemple, le singe permet d’accéder à des zones cachées et de grimper aux murs. La sirène, quant à elle, explore les fonds marins et attaque dans l’eau en se faufilant entre les algues. Cette progression ouvre peu à peu l’accès à des zones auparavant inatteignables. Contrairement à d’autres metroidvania, les pouvoirs se débloquent souvent directement dans la zone où l’on se trouve, ce qui les rend immédiatement utiles.
Ce choix de level design évite la lassitude et rend la structure claire. Les environnements restent compacts, ce qui permet de mémoriser facilement où retourner pour récupérer des objets cachés : poulpes, cœurs de vie ou pouvoirs supplémentaires. La progression suit un schéma bien huilé : battre un mini-boss pour obtenir une clé, débloquer une métamorphose, avancer dans le niveau, puis récupérer un objet essentiel pour accéder au boss final de chaque zone.
Ce cycle répétitif mais maîtrisé n’a rien de négatif. Au contraire, il fluidifie l’expérience et prévient toute confusion. Grâce à la touche de danse, associée à une direction ou un bouton, on enchaîne les métamorphoses avec aisance. Le gameplay reste varié, intuitif et toujours cohérent. Par instants, la magie évoque des références comme Super Mario World ou Yoshi’s Island, preuve que Shantae s’impose comme un grand platformer à la saveur intemporelle.
Un jeu accessible mais riche
Graphiquement, Shantae impressionne par la finesse et la richesse de ses sprites. Chaque décor respire le détail et la variété, sans jamais souffrir du moindre ralentissement. Les cutscenes, entièrement modernisées dans cette réédition, renforcent l’immersion, même si les puristes peuvent toujours profiter de la version brute pensée pour la Game Boy Advance. À cela s’ajoute une traduction française admirable, qui rend les dialogues à la fois drôles, fluides et parfaitement intégrés à l’univers.
La bande-son constitue un autre atout majeur. Certains thèmes restent longtemps en tête, signe qu’aucune fausse note n’est au rendez-vous. Après environ huit heures de jeu, on atteint la fin avec une impression rare : celle d’une aventure courte mais parfaitement calibrée, qui incite immédiatement à recommencer pour dénicher tous les secrets et objets cachés.
Parmi ces détails savoureux, on retiendra la quête insolite de vieilles cartouches pour un loup nommé “Loupgiciel”. C’est simple, presque anecdotique, mais diablement efficace et révélateur du soin apporté à l’ensemble. On sent une vraie passion derrière chaque élément, et c’est ce qui rend l’expérience si attachante.
Enfin, pour prolonger le plaisir, un mode combat à quatre joueurs s’ajoute en bonus. Certes dispensable, il témoigne cependant d’une volonté de proposer toujours plus de contenu. Mais la véritable force du jeu reste son aventure principale : une pépite visuelle et ludique, aussi riche en gameplay qu’en storytelling. Pour les amateurs de plateformes exigeants ou curieux, c’est un coup de cœur absolu. Un jeu à acheter sans hésitation.
Shantae Advance Risky Revolution
Conclusion
Shantae Advance: Risky Revolution prouve qu’un jeu pensé il y a 20 ans peut encore surprendre et séduire aujourd’hui. Beau, fun, accessible et riche, il surclasse bien des jeux actuels par sa créativité et son rythme. Une aventure courte mais intense, à découvrir sans hésiter.
Pour
- Un jeu de plate forme accessible mais profond
- Une interface moderne ou retro selon le joueur
- Une rejouabilité énorme
- Un rapport qualité/prix imbattable
- Un metroivania intelligent
- Une localisation française exceptionnelle
- Une direction artistique magnifique
Contre
- « Linéaire » (et encore)