Disponible depuis le 1er novembre 2023 sur PC et PlayStation 5, puis en décembre sur PlayStation 4 et Xbox Series (uniquement en version dematérialisée) This Bed We Made est un jeu narratif à la croisée du thriller et du point & click. Développé par Lowbirth Games, petit studio québécois, il est leur tout premier jeu et met en scène une femme de chambre plongée malgré elle dans une affaire mystérieuse ( loin d’un BlackSad ). Entre exploration minutieuse et choix narratifs influençant le scénario, l’expérience promet d’être aussi immersive que troublante. Après tout, les années 50 ont ce petit charme que notre époque n’a pas, non ? C’est ce qu’on va vérifier dans ce test de This bed we made.
Une enquête loin d’être en noir et blanc.
Dans cette nouvelle aventure, on incarne Sophie, une femme de chambre travaillant dans un hôtel montréalais en 1958 : Le Clarington. Dirigé par un homme exécrable qui n’a d’intérêt que son hôtel… et quelques membres du personnel.
Mais revenons en à notre héroïne ! Son quotidien, en apparence banal, prend une tournure inattendue lorsqu’elle découvre des indices troublants en nettoyant les chambres des clients. Parce que oui, notre bonne copine Sophie a un vilain défaut, elle fouine. Sa vie étant ce qu’elle est, être la petite pie curieuse lui permet de s’évader un petit peu. Qui n’aime pas fouiner après tout ?

Travail et commérages.
This Bed We Made se déroule à la troisième personne, (je ne m’y attendais personnellement pas, la caméra à la première personne étant généralement l’option numéro 1 chez les petits jeux indépendants!). Et on y explore les différentes chambres du 5eme étage, ronde de notre jolie Sophie, en examinant minutieusement les objets et en interagissant avec divers personnages.
L’originalité du jeu repose -normalement- sur cette approche discrète de l’investigation : fouiller les affaires des clients sans se faire prendre en nettoyant baignoires et corbeilles est au cœur du gameplay ! Malheureusement… On n’y croise aucun client. Alors c’est plus passer de chambre en chambre en faisant les lits avec une idée derrière la tête ! Beaucoup de vos décisions influent sur la suite des événements, offrant plusieurs embranchements narratifs et une rejouabilité intéressante. Les mécaniques restent accessibles, privilégiant une immersion narrative fluide à des énigmes trop complexes. Aucun réel casse tête ici, désolée !

Plongez dans un hôtel aux secrets pas si bien gardés.
L’esthétique du jeu est un régal pour les amateurs d’atmosphères rétro comme moi. Décors feutrés, éclairages tamisés, mobilier d’époque qui transporte immédiatement dans les années 50. L’hôtel Clarington, avec ses couloirs silencieux et ses chambres aux secrets bien gardés, devient presque un personnage à part entière une fois immergée dans son histoire.
L’attention portée aux détails est à saluer, que ce soit dans les objets d’époque que l’on manipule ou dans la direction artistique qui joue habilement avec la lumière et les ombres. Le jeu est vraiment agréable. L’expérience est renforcée par une bande originale immersive, oscillant entre du jazz envoûtant et des plages sonores mystérieuses, soulignant parfaitement les moments de tension. On regrettera tout de même le manque de quelques morceaux connus ? À noter que le jeu est entièrement doublé en québécois ainsi qu’en anglais.


Un passe temps compromettant.
Tout commence par une découverte intrigante : des photographies compromettantes où Sophie apparaît en train de fouiller les chambres des clients. (Une fouineuse je vous dis !) Dès lors, son quotidien bascule, et ce qui n’était qu’un passe-temps devient une véritable enquête. Entre rumeurs, mensonges et révélations, elle met au jour des secrets que certains préféreraient garder enfouis.
Le jeu explore des thèmes intéressants comme la curiosité, l’intimité et les conséquences des choix, l’importance des détails, tout en laissant une belle place aux interactions humaines. Les dialogues sont bien écrits, donnant de la consistance aux personnages rencontrés au fil de l’histoire. Selon les décisions prises, les relations évoluent, et plusieurs fins sont possibles, ajoutant une dimension personnalisée à l’expérience.

La moralité ou la vérité ?
La moralité dans This Bed We Made repose sur une question simple : jusqu’où peut-on aller par curiosité et à quel prix ?
En incarnant Sophie et sa façon de s’imposer dans l’intimité des clients, le jeu pousse à réfléchir sur les notions de vie privée, d’éthique et de responsabilité. Ses actions, bien que motivées par une envie de comprendre ce qui se passe autour d’elle, soulèvent une ambiguïté morale : est-ce justifiable d’enquêter sur les autres lorsqu’on met en péril leur secret – et le sien par la même occasion ?
Les choix faits au fil du jeu influencent la perception du personnage et les conséquences de ses actes. Certaines décisions peuvent la mener à des révélations importantes, mais à quel prix ? Faut-il écouter son instinct et aller au bout de la vérité, quitte à franchir des limites, ou au contraire rester dans une posture plus prudente et respectueuse de l’intimité des clients ?
Ce dilemme est au cœur de l’expérience, mettant le joueur face à ses propres valeurs et l’incitant à se questionner : jusqu’à quel point est-on responsable de ce que l’on découvre ? Et une vérité révélée est-elle forcément une bonne chose ?

This bed we made
Résumé
Assez court (4-5 heures), This bed we made est une excellente expérience à laquelle je ne m’attendais pas. Une simulation de femme de ménage très simple qui vire à l’enquête aux sujets étonnants… J’ai apprécié la surprise, je me suis attachée aux personnages (notamment Andrew!) Et j’ai réellement cherché à avoir la meilleure fin possible durant ma seconde partie. Avec un prix relativement abordable (29,99€ et très souvent en promotion), Lowbirth Games nous offre un premier jeu qui mérite une attention particulière.