
Test – Tomb Raider IV-VI Remastered : le lifting de Lara
3 mars 2025Comment ne pas être enthousiaste à l’idée de replonger dans des titres emblématiques ? L’emprise nostalgique gagne le joueur que je suis grâce à ce simple murmure : « Tomb Raider… ». La Playstation a permis à de nombreuses nouvelles licences d’atteindre une certaine renommée mondiale : Spyro the Dragon, Resident Evil, Gran Turismo, Crash Bandicoot etc. Certaines d’entre elles ont tellement marqué leur époque qu’elles sont aujourd’hui devenues cultes. Cultes oui, mais le temps est taquin et il se peut qu’en 2025 beaucoup trouvent ces jeux « datés », voire « injouables »… Après Soul Reaver, Aspyr s’attaque à une autre Licence. Lara Croft, héroïne iconique du jeu vidéo, nous revient une nouvelle fois dans une compilation remasterisée. Le but de ce test est d’apporter une réponse aux questions suivantes : est-ce que Tomb Raider peut être apprécié par un joueur moderne ? Le fan de Lara, retrouvera-t-il les sensations d’époque ? La réponse dans ce test de Tomb Raider IV-VI Remastered.
« Test réalisé à partir de la version Switch dématérialisée du jeu Tomb Raider IV-VI Remastered: The Darkness Trilogy fournie par l’éditeur. Merci. »
Self control
Avant toute chose et pour bien saisir l’importance d’un tel remaster, une analyse générale de la licence s’impose.
En 1996, année de sortie du premier opus, la 3D tâtonnait. Alors que les joueurs s’acharnaient sur les contrôles très lourds d’une gazelle plombée jusqu’à l’os, les pixels tremblotants et le 25/30 FPS finissaient le travail (et le joueur) en lui infligeant des graphismes que l’on pourrait qualifier aujourd’hui, soyons sympa, de « retro ». Mais alors, pourquoi un tel engouement envers cette licence ? Tomb Raider est exigeant : il punit le faible mais récompense le joueur investi. Ce seul point réussit l’exploit de faire oublier toutes les galères passées. Le maniement de Lara est connu pour être indigeste, frustrant, complexe et la lutte est grande lorsque l’on souhaite improviser une course. Néanmoins, une fois la maîtrise acquise, un constat s’impose : Lara Croft est maniable.
Le « silence » est d’or…
Les « Tomb Raider » sont des jeux d’exploration/plateforme 3D et de réflexion. Je rappelle que le but de notre héroïne est de se frayer un chemin dans un environnement hostile grâce à des mécanismes à enclencher. Ces derniers sont généralement sournoisement cachés. Notre concentration est donc maximum et passer les décors au peigne fin n’est pas un luxe mais une obligation. On l’admettra volontiers, le silence a toujours été une aide précieuse à la concentration. Les sound designers ont opté pour une ambiance minimaliste enlevant ainsi une nouvelle charge mentale.
Ce sont alors les bruitages qui imposent une immersion prenante : imaginez les bruits de pas de Lara, cherchant longuement son chemin dans une grotte. Celle-ci résonne, émet quelques sons de roches s’écroulant au loin… Tout à coup, la musique éclate, le danger est immédiat ; le joueur sort son flingue par peur et mitraille frénétiquement le prédateur terrifiant, laissant entendre le dernier hurlement d’une vie détruite. En réalité, le joueur vient d’abattre un loup peu agressif… Cette scène paraîtrait basique dans un style plus commun, mais grâce à cette maîtrise du « silence », elle en devient prenante. Les fulgurances musicales et les surprises sonores rendent les jeux captivants.
L’aiguille dans la botte de foin
Une attention particulière est généralement portée sur le level design des mondes. Ils sont assez complexes à gérer et Lara se perdra de nombreuses fois dans les dédales, passera 10 fois, peut-être même 20 fois devant le mécanisme salvateur sans le voir, tentera les actions les plus improbables pour déjouer les 100 pièges tendus, ira surement chercher une soluce sur le net pour ne pas devenir folle… En 1 mot comme en 1000 : patience. La satisfaction n’en est que plus belle lorsque l’on découvre enfin la clef d’un mystère après une très longue recherche. C’est justement l’une des particularités de la licence : se sentir fier de ce que l’on vient d’accomplir en trouvant l’aiguille dans la botte de foin…
Lara Croft ne lâche pas le retro
Après avoir planté le décors de la licence en général, nous voilà maintenant face au remaster des opus IV, V et VI. Une des questions que les fans pourraient se poser est : « La maniabilité originale est-elle de la partie ? » La réponse est « oui ». Si vous souhaitez revivre l’expérience retro dans son jus, c’est parfait ainsi. Ces versions sont incluses dans la compilation. Des graphismes pixélisés aux FPS d’antan, en passant par la maniabilité « Tank », tout y est.
Un soupçon de modernité…
Les fans étant rassurés, occupons nous des nouveaux venus. Et à la question : « Est-ce que la maniabilité a été revue ? », on peut sans hésiter répondre « oui, mais… »
Aspyr Media, Saber Interactive et Crystal Dynamics, développeurs de ce remaster, ont opté pour une maniabilité mi moderne, mi retro. C’est à dire que l’on dirige Lara de manière assez fluide lorsque l’on réalise des mouvements classiques. Cependant, certaines lourdeurs persistent encore… Celles-ci mènent, lors des deux premières heures de jeu, à une confusion assez étrange manette en main. La marche par exemple. Dans un jeu récent il suffirait d’incliner le stick légèrement vers l’avant. Dans ce remaster, avec cette « maniabilité moderne », vous devrez appuyer sur un bouton en plus de pousser le stick pour déclencher le mouvement.
Autre exemple flagrant : être accroupi dans un renfoncement et descendre le long d’un mur. Lara doit absolument être de dos, perpendiculaire au mur à descendre. Le joueur devra, à ce moment-là appuyer sur 2 boutons à la fois + la direction, alors qu’il suffirait normalement d’amener l’avatar contre une paroi pour qu’il se tourne et s’agrippe automatiquement au mur… Pour finir, comment ne pas mentionner la regrettable suppression du « pas chassé » ? Mouvement pourtant toujours présent en « mode Tank ».
Bref, cette « maniabilité moderne » n’est pas aussi fluide que ce que l’on pourrait croire et demande elle aussi un minimum de pratique avant d’être maitrisée. Mais une fois en main, Lara devient bien plus maniable qu’avant.
Le choix graphique
Comme indiqué précédemment, le joueur peut choisir son visuel : PS1 pixélisé ou textures plus élaborées et lissées. Les développeurs ont même poussé la fonction en proposant le « changement à la volée ». Une simple pression sur le bouton « Start » et vous faites un bond technologique de 26 ans ! Une option très sympa mais surtout assez importante. En effet, le travail effectué sur le contraste et les éclairages du mode « moderne » me semble discutable. Dans certaines scènes, l’obscurité rend la visibilité fatigante et peut même devenir trompeuse. Elle incite à switcher en mode « retro », beaucoup plus visible, afin de mieux cerner les mécanismes à enclencher et les nouveaux passages à emprunter. Mise à part ce léger souci, la refonte graphique apporte une vraie plus-value aux jeux.
Les opus IV, V, VI sont-ils de bons jeux ?
Les aventures de Lara étant assez éprouvantes et longues je n’ai pu terminer que « Tomb Raider : La Révélation finale ». Il m’a fallu environ 38 heures pour en venir à bout sans solution.
Cet épisode rassemble à peu près tout ce que l’on peut attendre de la licence : des aventures rocambolesques et mystiques, des mondes immenses poussant à la recherche, de nombreux pièges à déjouer, quelques énigmes tordues etc. Tout cela dans un level design inconstant. La sensation d’être totalement bloqué se manifestera alors, laissant le joueur seul, face à lui-même, perdu… Dans ces moments-là, l’abandon n’est jamais très loin et l’abnégation sera son unique salut.
A mon sens, ce quatrième opus reste plaisant à jouer. Et malgré une technique modernisée, le poids des années se fait tout de même sentir. Les bugs et autres errances ergonomiques nous le rappellent régulièrement.
Quelques astuces…
Pour les nouveaux venus dans la licence, voici quelques techniques simples qui pourraient rendre service :
- Sauvegardez souvent et sur plusieurs fichiers. Il n’est pas rare d’avoir le sentiment, à juste titre ou non, d’être totalement bloqué. Le fait de pouvoir revenir en début de stage vous sauvera la mise.
- Lorsque vous saisissez une logique, tentez les actions et insistez un peu en vous déplaçant légèrement si ça ne fonctionne pas de suite. Il arrive que le jeu soit capricieux.
- N’hésitez pas à passer du retro au moderne et vice versa en cas de mauvaise visibilité.
- Lorsque Lara doit s’accrocher à une plate forme, le positionnement peut poser problème : trop loin on tape la tête contre le plafond, trop avant, on ne s’accroche pas. L’astuce est de se placer le plus proche possible de la plateforme et de sauter sur place indéfiniment. A chaque atterrissage, Lara s’avance naturellement d’un petit millimètre. A force, vous vous accrocherez obligatoirement.
Pour
- Les opus originaux inclus
- Le switch graphique à la volée
- Le 60 FPS
- Le level design recherché
- L’ambiance sonore générale
- Le système de sauvegarde instantané
- Les nombreux secrets
- Le gameplay varié
- La modélisation de Lara Croft au top
- Le doublage kitch
Contre
- La maniabilité moderne perfectible
- Les bugs en tout genre
- Le level design parfois confus selon les mondes
- Le problème de luminosité en « mode moderne »
- La lourdeur de certaines actions à effectuer
- La caméra parfois capricieuse
- Les gun fights pas très palpitants
- La modélisation des protagonistes quasiment pas retouchée
- Le doublage kitch
Tomb Raider IV-IV Remastered
Résumé
Tomb Raider IV-VI Remastered offre aux fans la possibilité de revivre ces 3 aventures comme s’ils n’avaient pas bougé de leur canapé depuis 1999 : effet retro garanti ! Mais cette compilation est avant tout un remaster. Et à ce niveau-là le résultat est déjà moins reluisant : les bugs d’antan sont toujours présents, les caméras perfectibles, et les contrôles, même si largement améliorés, restent assez lourds à gérer. Ce n’est clairement pas un remaster parfait. En revanche, il apporte tout de même quelques améliorations de poids. Ainsi, on appréciera le lifting graphique et le 60FPS constant, le système de sauvegarde ergonomique, et les contrôles « modernes » malgré l’entraînement nécessaire pour pouvoir être à l’aise. Finalement, le travail effectué sur ces opus permettra à tous de découvrir ou redécouvrir les aventures retro d’une Lara plus en forme que jamais.