Chronique – La saga Legacy of Kain de Raphaël Lucas
30 décembre 2024Après le test du remaster de Soul Reaver, partons à la découverte de La saga Legacy of Kain – Entre deux mondes . Un livre de Raphaël Lucas paru chez Third Editions.
Présentation de l’ouvrage
Sorti en février 2019, c’est à l’occasion du retour de la franchise sur nos consoles de salon que j’ai décidé de me lancer dans la lecture de La saga Legacy of Kain – Entre deux mondes . L’occasion de redécouvrir sous un nouvel angle à travers 232 pages cette franchise vidéoludique qui aura marqué les joueurs.
L’édition first-print n’étant plus disponible, vous pouvez vous procurer cet ouvrage directement via le site de l’éditeur via deux formats :
- L’édition classique : 24,90 €
- L’édition numérique : 11,99 €
De gauche à droite : l’édition first-print, l’édition numérique et l’édition classique.
Legacy of Kain est plus qu’une série. C’est un monstre. Un monstre vidéoludique, rapiécé, écorché et suturé par les époques qu’il a traversées et ses créateurs. C’est un saut dans le temps, aussi, aux balbutiements d’une PlayStation en passe de révolutionner le monde des consoles, dont il a su exploiter certaines de ses innovations les plus inspirées.
Legacy of Kain, de Blood Omen à Defiance, en passant par le monument qu’est devenu Soul Reaver pour bon nombre de joueurs qui l’ont découvert, adolescents, à sa sortie, est une rencontre avec l’Autre, celui qui sommeille en nous et que Kain ou plus encore Raziel nous permettent d’incarner le temps d’un saut temporel et psychique, d’un saut entre réel et fantasmagorie. Histoire de sauver le monde, peut-être, de la malédiction de ses Dieux bien trop narcissiques…
Tout au long de cet ouvrage, plongez dans les rouages de la création d’une saga devenue légendaire. Redécouvrez ses héros au charisme décharné et ce Nosgoth en décrépitude à la lumière de ceux qui les ont inspirés. D’une lame acérée et éclairée, Raphaël Lucas dissèque, à coeur ouvert, cet univers dont il a fait part de sa chair.
Résumé de l’ouvrage
Chronique réalisée à partir de l’édition numérique fournie par Third Editions que nous remercions.
Bienvenue à Nosgoth
Notre voyage débute avec une préface de Grégory « RaHaN » Szriftigsger, ex-rédacteur en chef de Gameblog. A l’époque où il était rédacteur pour Joypad, il a eu la chance de pouvoir tester Soul Reaver durant les différentes étapes de son développement. Un retour nostalgique sur ce titre phare sorti chez nous en août 1999.
S’ensuit alors l’avant-propos de Raphaël Lucas. Auteur de nombreux ouvrages comme La légende Final Fantasy IX, de l’excellent En quête des Livres dont vous êtes le héros. Des origines à nos jours,… Un auteur que j’apprécie à chaque nouvelle sortie mais aussi dans les colonnes de Jeux Video Magazine. Grand amoureux des monstres et autres créatures de l’imaginaire, il revient sur sa passion à travers ses découvertes via la littérature, le jeu-vidéo mais aussi les vidéoclubs (les vrais savent). L’occasion de découvrir son univers ainsi que ses débuts avec Legacy of Kain – Blood Omen acheté au lieu de Castlevania – Symphony of the Night. Déçu lors de ses premières parties, il finira par donner une seconde chance au jeu. La magie opère avant que Soul Reaver n’enfonce le clou. Une passion qui donnera naissance par la suite au livre dont nous parlons aujourd’hui.
La saga Legacy of Kain – aux origines
Une fois les présentations terminées, on découvre les prémices de Blood Omen qui avait pour nom de code : Les Piliers de Nosgoth. Pensé comme un Zelda like pour adultes, le jeu était initialement prévu pour sortir sur 3DO. Mais suite à l’échec commercial de la console, l’équipe du studio Silicon Knights se tourne vers la PlayStation de Sony.
L’architecture des consoles n’étant pas la même, les développeurs vont faire face à des difficultés techniques. Faute de budget, ils se tournent vers Crystal Dynamics pour mener le projet à terme. Cédant en contrepartie les droits de propriété intellectuelle du jeu et de ses oeuvres dérivées. Mais cela ne suffira pas, obligeant CD à dépêcher une équipe sur place pour achever le jeu. Sans oublier les quatre mois nécessaires à la composition de la bande-son qui reste de nos jours magistrale. Le début de la fin pour Silicon Knights qui, entre les projets avortés et les nombreux procès qui suivront, finira par fermer ses portes en 2014.
Mais comment la franchise a-t-elle pu continuer à exister entre-temps?
Dyack et Silicon Knights ont toujours trouvé quelqu’un pour porter le chapeau de leurs erreurs, de leurs manquements. Évidemment, les interlocuteurs et commanditaires de Silicon Knights ne l’ont visiblement pas toujours soutenu comme ils l’auraient dû, mais la répétition des mêmes boucles, du même cercle vicieux ad nauseam, tend à instiller quelques doutes quant aux réelles capacités du studio à livrer des jeux techniquement à la hauteur de ses grandes ambitions narratives, et plus largement, à finir le travail.
Extrait de La saga Legacy of Kain
L’ascencion de Raziel
Après un développement dans la douleur, Kain passe entre les mains de Crystal Dynamics. Plus précisément dans celles d’Amy Hennig. Ancienne employée d’Atari (qui devait servir à payer ses études de cinéma), elle rejoint l’équipe en 1995 travaillant sur Shifter. Un titre s’inspirant du Paradis perdu de Milton qui deviendra par la suite Soul Reaver. Au fil des pages, on découvre le processus de développement du jeu, ses premiers accueils par la presse qui sera unanime. S’ensuit alors le périple des opus suivants jusqu’à Legacy of Kain Defiance (Soul Reaver 3) qui achèvera la saga en 2003.
La fin d’une épopée, d’une lutte entre deux héros que l’on aurait aimé retrouver dans de nouvelles aventures. Mais il est temps d’en faire le deuil! Même Amy Hennig (qui quittera le studio en fin de développement pour rejoindre Naughty Dog) semble en avoir terminé avec eux.
Défiance clôt définitivement l’histoire de Kain et de Raziel, de leurs quêtes personelles contre le déterminisme – cette pièce qui tombe toujours d’un côté ou d’un autre, contre leur destin.
Extrait de La saga Legacy of Kain
Entre 2008 et 2013, ce sont pas moins de trois projets qui sont annulés. Square Enix ne les juge pas assez rentables, même le titre pensé en multijoueur qui ne trouvera pas son public. Tout comme Boris Karloff et Vincent Price au temps d’Universal Studios et de la Hammer, Kain et Raziel ont fait leur temps. Tandis que Devil May Cry et GTA font leur nid. Prêts à séduire un nouveau public en quête de nouveautés.
L’héritage de Kain
Après nous avoir offert une présentation des scénarios du point de vue du joueur, Raphaël Lucas décrypte la saga dans son ensemble ainsi que les marques qu’elle a laissées dans l’univers vidéoludique. De ses aspects qui ont inspiré bien des titres et la comparaison entre ces derniers,… L’ensemble est un plaisir à lire que je vous laisse découvrir.
En refermant l’ouvrage, je ne peux que saluer le travail de l’auteur au vu de l’immense travail de recherche et de toutes les références. Rendant hommage à ces titres mythiques tout en analysant leur histoire et leur impact sur la sphère vidéoludique, la saga Legacy of Kain est un bijou pour les fans de cet univers qui prendront plaisir à redécouvrir Nosgoth de ses fondations jusqu’à son déclin…